Brèves apologies de nos auteurs féminins/Mlle Marie-Justine Gérin-Lajoie

Mlle  JUSTINE GÉRIN-LAJOIE



« Nous ne sommes pas nés pour nous, mais pour la société, et avant d’être nos maîtres nous sommes les serviteurs de la patrie et de l’humanité, » écrivait un jour Jules Simon, le grand écrivain français, et il ajoutait :

« Il est dans notre destinée d’agir : d’où il suit invinciblement que l’action doit être pour nous une obligation, un besoin et un plaisir. »

Ces grandes vérités, il semble que Mlle  Gérin-Lajoie en a fait les maximes de sa vie et n’a cessé de les mettre en pratique depuis sa sortie du couvent du Mont Sainte-Marie, à Montréal.

Douée comme sa mère du talent de la plume et de la parole, Mlle  Gérin-Lajoie fut bientôt sollicitée de remplir des fonctions importantes et des plus utiles.

En 1907, elle fut envoyée par le gouvernement de Québec à Fribourg, en Suisse, pour y étudier la science ménagère, et à son retour, elle fut nommée directrice de l’École ménagère provinciale, lors de sa fondation à Montréal.

En 1913, la Fédération Nationale St-Jean-Baptiste des femmes à Montréal lui confia la rédaction de la Bonne Parole, revue qu’elle venait de fonder et qui existe encore.

Elle a été aussi chargée depuis quelques années des cours d’action sociale, d’économie sociale et de rédaction française à l’Ecole d’enseignement supérieur des Soeurs de la Congrégation. Dire le dévouement et la compétence qu’elle apporte dans l’accomplissement de ces diverses fonctions serait difficile ; celles qui ont la bonne fortune de lire la Bonne Parole et celles qui la voient à l’œuvre peuvent seules s’en rendre compte.

Toutes ces activités ne l’ont pas empêché d’apporter son zélé concours à l’œuvre de la Fédération et des diverses associations féminines qui la composent. En maintes circonstances elle a stimulé les énergies et prodigué les conseils les plus utiles et les enseignements les plus pratiques. Elle a eu pour cela à son service cette grande éloquence que René Bazin appelle « l’intelligence de la misère ».

Au nombre de ses nombreuses conférences et allocutions, citons celles prononcées : — au Congrès de la Fédération féminine, en mai 1907, sur l’enseignement ménager ; — au Cercle d’études et des œuvres économiques, en novembre 1915, sur l’importance des cercles d’études dans la formation d’une élite féminine ; — à la réunion des cercles de jeunes filles, en mai 1915, sur la note religieuse au cercle ; au Monument National, en mai 1920, sur le devoir social des femmes ; — à la réunion des anciennes élèves de Villa-Maria en mai 1920, sur Marguerite Bourgeoys, la femme d’œuvres[1].

En juin 1916, Mlle  Gérin-Lajoie faisait paraître un petit livre, intitulé : Les cercles d’études féminins. Mlle  Gérin-Lajoie y traite de l’établissement et de l’opportunité de ces œuvres chez nous. Cet ouvrage est destiné à rendre service à toutes celles qui s’intéressent à la jeunesse.

Mlle  Gérin-Lajoie est la première bachelière ès-arts de l’École d’Enseignement supérieur pour les jeunes filles, fondée à Montréal et affiliée à l’Université Laval, et elle a été trois fois lauréate des concours littéraires proposés à l’Université.




  1. Cette conférence a été publiée dans la Bonne Parole.