Brèves apologies de nos auteurs féminins/Les anciens

LES ANCIENS

En commençant ce travail, nous sommes heureux de penser que nos premiers écrivains féminins ont été des personnes vouées à la vie religieuse, et que leurs écrits ont été faits à l’ombre du cloître.

Ce sont, en effet, les révérendes Sœurs religieuses Marie de l’Incarnation, Saint-Ignace, Sainte-Hélène, et la révérende Sœur Marie Morin, dont la mère était la filleule du gouverneur d’Ailleboust, qui furent les doyennes de notre littérature féminine.

Plus de deux cent cinquante ans se sont écoulés depuis que la Mère Marie de l’Incarnation, la fondatrice de la plus ancienne institution d’enseignement de notre pays, et surnommée la « Sainte-Thérèse de la Nouvelle-France », a écrit ses mémorables lettres dans son monastère vénéré des Ursulines de Québec. On en connaît la valeur. Elles sont dans toutes nos bibliothèques. C’est un héritage que l’on conserve avec un soin religieux.

À une époque moins lointaine, en 1697, la révérende Sœur Marie Morin, née en Canada, et petite-fille de Pierre Desportes, contemporain de Louis Hébert, écrivait les annales des Hospitalières de Ville-Marie, et vers 1720 était achevée l’histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec par la révérende Sœur Sainte-Hélène, (née Régnard Duplessis, à Paris), écrite sur les notes que lui avait dictées la révérende Sœur Sainte-Ignace, (née Françoise Juchereau, à Québec, en 1650). Cette histoire ne fut imprimée qu’en 1750, à Paris, sous les soins de l’abbé de la Tour, le doyen du chapitre de Québec.

Vers le milieu du siècle dernier, en 1855, on faisait imprimer, à Québec, une relation de ce qui s’était passé au siège de Québec, écrite en 1765 par une religieuse de l’Hôpital-Général de Québec, la Sœur Juchereau-Duchesnay de Saint-Ignace. C’est une brochure de vingt-quatre pages, qui a une grande valeur en ce qu’elle nous donne des détails sur cet événement capital de notre histoire.

Et plus près de notre époque, en 1866, paraissait l’histoire en quatre volumes des Ursulines de Québec, écrite par la révérende Sœur Sainte-Marie, (née Cimon). C’est un de nos ouvrages les plus précieux.

Saluons avec respect ces vénérables pionnières de notre littérature historique, ces dignes ouvrières des époques les plus lointaines ; elles ont droit à notre profonde gratitude. Leurs œuvres ont un prix inestimable ; elles projettent une lumière bienfaisante sur notre passé et le font resplendir d’un éclat magnifique.

Notre littérature féminine a donc eu une origine providentielle, et, disons-le avec orgueil, elle est la seule dans l’Amérique du Nord à se glorifier d’une origine aussi noble et aussi pure.

À ces religieuses de vénérable mémoire, il faut ajouter les noms de celles qui ont été les contemporaines de nos femmes de lettres dans la vie civile.

En 1882, à l’occasion du 188ème anniversaire de la fondation de l’Hôpital-Général de Québec, les Sœurs Hospitalières faisaient imprimer l’histoire du Monastère Notre-Dame des Anges, écrite quelque temps auparavant par la Sœur Saint-Félix.

Puis, en 1900, un nouveau livre de 315 pages, écrit par la Sœur Rose de Marie, (née Rose de Lima Tessier), nous racontait la vie de la Mère Gamelin, la fondatrice, en 1844, de la communauté des Sœurs de la Providence, à Montréal.

Honorons encore ces humbles servantes de Dieu. Sans elles, que d’actes innombrables de dévouement seraient inconnus !