Bouquets et prières/Prison et Printemps


Pour les autres éditions de ce texte, voir Prison et printemps.


PRISON ET PRINTEMPS,

Au Spielberg.


Les flots,
Plus mollement portent les matelots ;
J’entends sur moi passer les hirondelles :
Vers vous,
Pour m’envoler, climats lointains et doux,
Oh ! que mon coeur n’a-t-il reçu comme elles,
Des ailes !


Toujours,
Pour retourner où couvent les beaux jours,
Heureux oiseaux, Dieu vous montre une étoile ;
Aux cieux,
Ma jeune étoile aussi brille à mes yeux :
Mais j’ai rompu comme une frêle toile,
Ma voile !

Aux fleurs,
Pleines d’encens et d’humides couleurs,
Allez puiser le miel de la prairie ;
Oiseaux !
Plus près alors affrontez mes réseaux ;
Et rapportez à ma lèvre ravie
La vie !

Dans l’air,
Si vous trouvez la pitié, doux éclair !
Entraînez-la vers la prison qui pleure ;
Parfois,
Jusqu’au martyr elle a glissé sa voix :

Oh ! que sa voix l’enivre avant qu’il meure ;
C’est l’heure !

Allez !
Souffles de Dieu, vos destins sont ailés ;
Vos chemins bleus n’ont ni clés ni barrière,
Mais quoi !
Dans ce désert qui cause votre effroi,
Ne croyez pas mon âme prisonnière,
Entière !

Souvent
Mon âme est libre, et sur le front du vent,
Quelque âme au loin l’attire et la rappelle.
Bourreaux,
Sur cette flamme étendez vos barreaux :
Que pouvez-vous sur la pauvre immortelle,
Meurt-elle ?