Paul Ollendorff (p. 69-70).
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XXXVIII


Juin, Saint-Cergues.


C’est dommage, mais c’est la vie.
Elle était blonde et moi rêveur,
Voilà pourquoi je l’ai suivie.
Je cherche encor l’amour sauveur.

Je ne suis pas celui qui pense
Chaque matin à ses devoirs ;
Je suis celui qui se dépense
En éphémères désespoirs.


Un seul regard me bouleverse
Et je m’émeus de bonne foi…
Je tombais presque à la renverse
Quand elle passait près de moi.

Temps naïf ! Un pacte implicite
Semblait nous unir à jamais.
Que m’importait la réussite !
Je n’avais pas de but, j’aimais.

Je saluais la bienvenue
D’un désir vrai, d’un songe pur ;
Je bénissais cette inconnue,
Belle comme un bonheur futur.

La médiocrité des âmes,
La médiocrité des faits,
Et la laideur des autres femmes
Pesaient moins sur mes jours défaits.

Dans le chagrin causé par elle,
Tous mes chagrins s’étaient perdus…
Que vais-je faire, ô criminelle,
De ces baisers qui vous sont dus ?