Paul Ollendorff (p. 55-56).
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XXXI


Avril ;
mis dans un vol.
de H. Heine.


Oh ! sois plus lente à me chérir.
Sois méprisante, sois changeante ;
Tu ne sais pas, chère indulgente,
Comme je peux longtemps souffrir.

Est-ce bien sûr que je t’adore ?
D’amers plaisirs m’ont perverti ;
J’ai peur de moi, j’ai tant menti…
Il ne faut pas me croire encore.


Faisons grandir mon sentiment
Sous ta cruelle résistance ;
Songeons tous deux à l’importance
De ton premier consentement.

Et dis à ta robe effrontée
De mieux cacher tes seins debout :
Tu céderas vers le mois d’août,
Quand je t’aurai bien méritée.

Si ton bonheur allait périr
Parce qu’un jour tu fus trop brave ?
Hélas ! m’aimer, c’est chose grave.
Oh ! sois plus lente à me chérir.