Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/Les Mains blanches
IV
les mains blanches
l y avait, une fois, un homme qui avait
une fille belle comme le jour. Cette fille
avait trois galants : un boulanger, un perruquier,
et un marinier. Tous trois vinrent, un
jour, trouver le père de leur maîtresse, et lui
dirent :
— « Brave homme, il faut choisir, entre nous trois, celui que vous voulez pour gendre.
— Mes amis, vous me mettez dans l’embarras.
— Il faut choisir. Il faut choisir.
— Eh bien, puisqu’il le faut, je choisirai celui de vous trois qui aura les mains les plus blanches. Retirez-vous. Je vous donne trois semaines pour vous préparer. »
Les trois galants se retirèrent. Trois semaines après, ils revinrent, avec les mains dans leurs poches.
— « Eh bien, dirent-ils au père de la jeune fille, le moment de choisir entre nous trois est venu.
— Mes amis, je n’ai qu’une parole. Montrez-moi vos mains, l’un après l’autre. »
Le boulanger montra d’abord ses mains, blanches et bien savonnées.
— « Boulanger, voici des mains bien blanches. Mais il faut voir celles du perruquier, et du marinier. »
Le perruquier montra ses mains, encore plus blanches et mieux savonnées que celles du boulanger.
— « Perruquier, voici des mains encore plus blanches que celles du boulanger. Mais il faut voir celles du marinier. »
Le marinier montra ses mains rudes, et noires de goudron. Mais, dans chacune, il tenait une grosse poignée d’écus.
— « Marinier, tu seras mon gendre. C’est toi qui as les mains les plus blanches[1]. »
- ↑ Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers).