Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 3, 1886.djvu/Le Coq et ses amis

V

le coq et ses amis



Il y avait, une fois, un coq qui grappillait sur un fumier. Tout en grappillant, il trouva une bourse de cent écus.

En ce moment, un homme passait.

— « Bonjour, Coq.

— Bonjour, homme.

— Coq, qu’as-tu dans cette bourse ?

— Homme, j’ai cent écus.

— Coq, prête-les-moi.

— Homme, avec plaisir. Mais auparavant, je voudrais savoir où tu demeures.

— Coq, je demeure là-bas, là-bas, dans cette maison. Dans un mois, je te rapporterai tes cent écus. Si je l’oublie, viens me les réclamer chez moi. »

L’homme prit les cent écus et partit ; mais il ne rapporta pas la somme au jour promis. Alors, le Coq partit, pour réclamer son argent.

Chemin faisant, il rencontra le Renard.

— « Bonjour, Renard.

— Bonjour, Coq. Où vas-tu ?

— Renard, je vais réclamer cent écus. Veux-tu venir avec moi ?

— Oui, Coq.

— Eh bien, Renard, entre dans mon cul. Je te porterai. »

Le Renard entra dans le cul du Coq, qui repartit.

Chemin faisant, il rencontra le Loup.

— « Bonjour, Loup.

— Bonjour, Coq. Où vas-tu ?

— Loup, je vais réclamer cent écus. Veux-tu venir avec moi ?

— Oui, Coq.

— Eh bien, Loup, entre dans mon cul. Je te porterai. »

Le Loup entra dans le cul du Coq, qui repartit. Chemin faisant, il passa devant une Flaque, pleine d’eau jusqu’au bord.

— « Bonjour, Flaque.

— Bonjour, Coq. Où vas-tu ?

— Flaque, je vais réclamer cent écus. Veux-tu venir avec moi ?

— Oui, Coq.

— Eh bien, Flaque, entre dans mon cul. Je te porterai. »

La Flaque entra dans le cul du Coq, qui repartit.

Enfin, le Coq arriva à la maison de l’homme, et vola tout en haut de la cheminée.

— « Coucouroucou ! »

L’homme avait du monde à dîner.

— « Mes amis, dit-il, prenons ce coq étranger, et mettons-le dans ma basse-cour. »

Ce qui fut dit fut fait.

Alors, le Coq lâcha le Renard, qui étrangla toute la volaille.

— « Mes amis, dit l’homme, mettons ce coq dans mon étable. »

Ce qui fut dit fut fait.

Alors, le Coq lâcha le Loup, qui étrangla tout le bétail.

— « Mes amis, dit l’homme, mettons ce coq dans mon four allumé. »

Ce qui fut dit fut fait.

Alors, le Coq lâcha la Flaque, qui éteignit le four allumé.

En vérité, le Coq avait remède à tout.

— « Homme, dit-il enfin, si tu ne veux pas être :

Par le Renard tué[1],
Par le Loup mangé,
Par la Flaque noyé,
Rends-moi les cents écus que je t’ai prêtés.

L’homme rendit les cent écus[2].

  1. En gascon, ceci forme quatre vers :

    Pou Renard tuat,
    Pou Loup minjat,
    Per la hlaco negat,
    Tourno-me lous cent escutz que t’èi prestat.

  2. Dicté par Pauline Lacaze, de Panassac (Gers).