Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Thiébaut de Berneaud (Arsenne)


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Index par tome


THIÉBAUT de Berneaud (Arsenne), né à Sedan, le 14 janvier 1777, d’une famille nombreuse en Champagne et en Lorraine, achevait ses études, lorsque la révolution commença. Il en adopta les principes de bonne foi comme son père, et s’enrôla en 1792, des que la guerre fut déclarée, dans un régiment de hussards. S’étant distingué dans plusieurs occasions, notamment à la bataille de Kaisers-Lautern, en décembre 1793, il y reçut cinq blessures graves, et fut déclaré, par un décret de la convention, avoir bien mérité de la patrie. Ne pouvant plus alors supporter les fatigues de la guerre, il se retira avec le grade honoraire de capitaine ; entra dans l’administration du département des Vosges, puis dans celui de la Meurthe et au ministère de l’intérieur sous Benezech. En 1796, sur l’ordre du directeur Carnot, il fut chargé d’une mission importante à l’armée où Moreau commandait. Ayant joint ce général sur un champ de bataille, Thiébaut ne put en rester spectateur impassible. C’était avec un corps de Français émigrés que combattait l’armée républicaine, et il eut le bonbonheur, a-t-il dit, de sauver la vie d’un officier supérieur hessois, dont il épousa la fille dix ans plus tard. Thiébaut de Berneaud était à peine âgé de vingt ans, lorsqu’il revint à ses premières études et qu’il osa reprendre le travail de Bacon et de Diderot sur les connaissances humaines. Quoique bien au-dessous de ses modèles, l’ouvrage du jeune philosophe obtint le suffrage de la classe des sciences morales et politiques de l’Institut, dont on connaît assez les dispositions favorables aux auteurs de ces sortes de productions ; et il fut imprimé aux frais de l’État. Cependant, il faut en convenir, ce succès n’était dû à aucune intrigue, comme il arrive trop souvent dans des circonstances semblables, puisque l’auteur était hors de France, d’où la révolution du 18 brumaire, tout à fait contraire à ses principes de républicanisme l’avait forcé de sortir. Sa joie ne fut pas moins grande lorsqu’il en reçut la nouvelle ; mais elle ne put interrompre le cours des voyages qu’il avait entrepris. Son plan, dont l’exécution devait durer plusieurs années, embrassait à la fois l’Italie et les îles, l’Illyrie, l’Épire, la Grèce et son archipel, l’Ionie, l’Égypte, les côtes de la Mauritanie, et la péninsule hispanique. Mais les événements politiques qui survinrent, apportèrent de grands obstacles à cette entreprise, et Thiébaut se vit, à son grand regret, forcé de borner ses courses scientifiques à l’Italie, aux îles qui l’avoisinent et à quelques parties de la Grèce. C’était surtout d’antiquités et d’histoire naturelle qu’il s’occupait et qu’il entretenait ses correspondants de Paris. En 1804 il leur écrivit sur la fièvre jaune qui venait d’éclater à Livourne ; et sa lettre, communiquée à l’Institut, y fut l’objet d’un rapport très-honorable. A l’exemple de ses amis Valentin et Devèze, il s’y montrait anticontagioniste ; ce qui est devenu l’opinion de la plupart des médecins. On croit qu’il dut alors à ses travaux, sur cet important sujet, l’honneur de la décoration de la Légion-d’Honneur que le ministre de l’intérieur lui envoya sans qu’il l’eût demandée ; mais toujours fortement attaché à ses principes de démocratie, il la refusa fièrement, préférant, pour les avances qu’il avait faites, un dédommagement en argent, qu’il demanda et ne reçut pas, quel que fut le pressant besoin qu’il en eût. Revenu à Paris, en 1808, Thiébaut de Berneaud s’y lia de plus en plus avec Tissot (Voy. œ nom dans ce vol.), dont il partageait depuis longtemps les opinions et les travaux politiques. Il publia divers écrits de science, de littérature, travaillant en même temps à la rédaction de plusieurs ouvrages collectifs, notamment la Bibliothèque physico-économique, à laquelle il concourut pendant dix ans, et les comptes rendus de la Société linnéenne, dont il fut le secrétaire pendant sept ans, depuis sa réorganisation, jusques et y compris l’année 1826, dans laquelle il produisit seulement six numéros in-8º. Dans les dernières années de sa vie, il avait obtenu un emploi à la bibliothèque Mazarine. C’est dans cette position qu’il est mort en 1840. Ses ouvrages publiés sont : I. Annuaire de l’industrie française ou Recueil par ordre alphabétique des inventions, découvertes et perfectionnements dans les arts, utiles et agréables, qui se font à Paris et dans les départements, contenant l’état actuel des manufactures, fabriques, ateliers et autres établissements d’industrie française avec les noms des inventeurs, etc. 1811 et 1812, 2 vol. in-12. Sonnini a eu part à la première année. II. Traité du père de famille, Paris, 1799, in-8º. III. Voyage à l’isle des Peupliers, Paris, in-8º. IV. Exposition du tableau philosophique des connaissances humaines, d’après Bacon et Diderot, ouvrage dont nous avons parlé. V. Voyage à l’isle d’Elbe suivi d’une notice sur les isles de la mer Tyrrhénienne, 1808, 8º avec cartes. VI. Du genêt considéré dans ses rapports avec les différentes espèces et des avantages qu’il offre à l’agriculteur, etc., 1810, in-8º. VII. De l’orme, 1811, in-8º. VIII. Prejugés particuliers à l’agriculture, 1812, in-8º. IX. Description de la Lembertine, machine à pétrir le pain, 1813, în-8º. X. Voyage à Ermenonville, où se trouve un éloge de Mme  Charlotte de Berneaud qui venait de mourir, par Al. Tissot, ami de Thiébaut, Paris, 1819, in-12. XI. Notice historique et bibliographique des journaux et feuilles périodiques, de politique, de littérature et de sciences, publiés tant en France qu’en diverses parties du globe, Paris, 1821, in-8º. XII. Exposition de la doctrine botanique et du système de physiologie végétale que Théophraste employait dans ses cours privés, 1822, in-8º. XIII. Manuel du cultivateur, Paris, Roret, 1829, in-8º. Manuel du vigneron, ibid., 1823. Mémoire sur les dalhias, 1834, in-8º. XIV. Traité de l’éducation des animaux domestiques, 2 vol. in-12, 1823. Plus un grand nombre d’éloges historiques, notamment celui de Boussornet, de Palissot-de-Beauvois, de Rozier, de Sonnini, de Thouin, et quelques notices de naturalistes, dans cette Biographie universelle.M—dj.


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