Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Thiebault (Paul-Charles-François)


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THIEBAULT (Paul-Charles-François), général français, était le fils de Dieudonné Thiebault (Voy. ce nom, XLV, 406). Il naquit à Berlin le 14 décembre 1769 et quitta la Prusse avec son père après la mort de Frédéric II. Il fut d’abord destiné à la carrière du barreau ; mais les premiers symptômes de la révolution s’étant alors manifestés, il en embrassa la cause avec beaucoup d’enthousiasme, et fit partie, dès le commencement, de la garde nationale parisienne. Il était un des grenadiers qui allèrent à Versailles, sous les ordres de Lafayette, dans la journée du 5 octobre 1789, afin d’y défendre la famille royale contre les brigands partis de Paris pour l’assassiner. On sait que tous les efforts de ces grenadiers et de leur général se réduisirent à sauver quelques gardes-du-corps, et qu’ils escortèrent ensuite Louis XVI, pour le ramener prisonnier dans sa capitale, et que ce prince ne cessa pas, dans ce lamentable voyage, d’avoir sous les yeux les têtes de ses gardes fidèles. Thiébault, ayant continué de faire partie de la même troupe, assista d’une manière à peu près aussi impassible à la funeste attaque des Tuileries, au 10 août 1792. Il se rendit aussitôt après à l’armée du Nord comme simple grenadier dans le bataillon de la butte des Moulins. La valeur qu’il déploya, dans le mois de novembre, aux affaires de Blaton et de Bernissart lui fit obtenir le grade de sergent. S’étant alors lié avec l’adjudant général de Jouy, cet officier, qui était employé à l’état-major de Dumouriez et qui, plus tard, est devenu un des premiers écrivains de notre époque, lui fut d’un grand secours pour son avancement. D’abord nommé lieutenant, puis capitaine aide de camp de Valence, Tbiébault était à côté de ce général, lorsqu’il fut blessé à la bataille de Nerwinde, le 18 mars 1793. S’étant enfui avec Dumouriez, le 1er avril suivant, lorsque ce dernier abandonna son armée pour passer à l’ennemi, il fut assez heureux pour rencontrer en Danemark l’envoyé de la République, Grouvelle, qui, en le prenant pour secrétaire, le sauva de toutes les conséquences de l’émigration alors si funestes. Dès que l’orage fut passé, il se hâta de revenir en France et y fut nommé adjoint de l’adjudant général de Jouy, puis employé à la défense de Valenciennes, du Quesnoy et au déblocus de Maubeuge. Il fit ensuite les campagnes de Belgique et de Hollande sous les ordres de Pichegru. Revenu dans l’intérieur, il prit part à la journée du 13 vendémiaire an iv, dans les rangs de l’armée conventionnelle, passa à l’armée d’Italie et prit part à la campagne de 1796, par laquelle Napoléon Bonaparte débuta dans sa glorieuse carrière. En 1799, il faisait partie de l’armée qui s’empara de Naples, sous Championnet, et il fut nommé adjudant général à la suite du combat qui eut lieu dans le faubourg de Capoue, livré aux flammes par les Français, pour mettre fin à la fusillade qui partait de toutes les maisons. L’année suivante, il était à Gênes avec Masséna. La valeur qu’il déploya dans plusieurs occasions, notamment à la prise du fort de Guezi, lui valut le grade de général de brigade. Plus tard il fut employé dans le corps d’armée destiné à envahir le Portugal ; mais cette expédition n’ayant pas eu lieu, il fut envoyé à la grande armée, et fit, sous les ordres de l’Empereur, la célèbre campagne d’Austerlitz. Au début de cette bataille, il s’empara du village de Pratten, et bientôt après commença pour sa brigade cette lutte, pendant laquelle trois mille cinq cents Français résistèrent aux efforts de vingt mille Autrichiens et Russes, qu’ils repoussèrent, et, en gardant les hauteurs, coupèrent en deux l’armée des alliés, et l’empêchèrent de reformer sa ligne de bataille, ce qui fut un fait décisif pour cette grande victoire. Vers le soir, après avoir enlevé le château do Sakolnitz, Thiébault voulut s’emparer, à la tête de cent vingt hommes, des six derniers canons qui restaient aux Russes de ce côté ; et il s’en empara effectivement ; mais il fut frappé d’une balle de mitraille qui lui brisa le bras droit à l’épaule, blessure dont la guérison fut regardée comme un phénomène. Ce ne fut pas le seul malheur que ce général essuya dans cette terrible journée ; son aide de camp et ses deux officiers d’ordonnance tombèrent morts à ses côtés. Ses blessures étant encore ouvertes dans la campagne d’Iéna, il fut nommé gouverneur de Fulde ; où il se montra si juste et si probe que les habitants lui firent présent d’une très-belle épée en or. L’année suivante, il passa en Portugal avec Junot, et revint en France par suite de la capitulation de Lisbonne, que signa ce général. Après avoir obtenu une audience de l’Empereur qui l’accueillit très-bien, il fut envoyé en Espagne et nommé gouverneur de la Biscaye et de la Vieille-Castille, avec le grade de lieutenant-général. Il eut à combattre dans ces contrées un grand nombre de guérillas. et parvint à les soumettre sans avoir pu jamais disposer de plus de cinq mille hommes. En 1810, il fut nommé chef d’état-major du 9e corps destiné à renforcer l’armée de Masséna, qui se préparait à l’invasion du Portugal ; mais cette opération ne s’étant faite qu’en partie, il quitta cette armée, et fut nommé gouverneur des provinces de Salamanque, Toro, Zamora, Ciudad-Rodrigo et Almeida. C’est alors qu’il fut créé baron. Joignant à une administration sage et régulière une grande modération, il obtint dans ces contrées l’estime de tous les habitants et laissa à Salamanque deux véritables monuments. Le premier est une place qui mit en regard le palais épiscopal et la cathédrale, à laquelle son nom a été donné ; le secoud est un rapport sur l’université contenant l’histoire de cette école célèbre, ce qui lui valut d’en être nommé docteur. Son administration dans ce pays dura quinze mois, et son départ y causa les plus vifs regrets. En 1813 il passa en Allemagne, où il fut gouverneur de Hambourg sous Davoust. Après la chute du gouvernement impérial, il revint à Paris, se soumit au roi Louis XVIII ; en reçut la croix de Saint-Louis, le commandement d’une division militaire et fut un des lieutenants-généraux du corps d’état-major général, créé par le maréchal Gouvion-Saint-Cyr en 1816. Conservé ainsi sur la liste des généraux en activité, il resta dans la même position jusqu’à sa mort qui eut lieu en 1852. Thiébault a publié : 1o Les soupers du jeudi, 1789, in-8º ; 2o Essai sur la réorganisation des quartiers généraux et des états-majors. Paris, 1800, in-8º ; 3o Manuel des adjudants généraux et des adjudants employés dans les états-majors divisionnaires des armées. Paris, 1800, in-8’; 4o Manuel général du service des états-majors généraux et divisionnaires, 1813, in-8º ; 5o Journal des opérations militaires, du blocus, du siége et du blocus de Gênes, en 1800, 1 vol. in-8º. Paris, 1801, seconde édition augmentée, 1801, in-8º ; 6o Du chant et particulièrement de la romance. Paris, 1813. in-8º. Cet ouvrage n’a pas été destiné au commerce ; 7o Rapport général et historique sur l’université de Salamanque (en espagnol, 1811, in-8º ; et Recueil de pensées, 1811, in-8º ; 8o Discours prononcé sur la tombe du maréchal Masséna le 10 avril 1817, in-8º ; 9o Relation de l’expédition de Portugal en 1807 et 1808 par le 1er corps d’armée de la Gironde devenu armée de Portugal, avec plans et cartes. Paris, 1817, in-8º ; 10o de l’influence d’une noblesse héréditaire et du droit de primogéniture sur la civilisalion et la liberté. Paris, 1825, in-8º ; 11o Avènement du nouveau Czar. Paris, 1826, in-8º ; 12o Lettre à Lord Wellington, in-8º, 1814. Écrit qui n’a pas été destiné au commerce ; 13o Réponse à M. Dupin, avocat, sur le droit d’aînesse, suivie de quelques remarques suggérées par les écrits de MM. Persil et Duvergier de Hauranne. Paris, 1826, in-8º. — Le général Thiébault a de plus concouru aux Annales des faits et sciences militaires, à l’Encyclopédie moderne et au Spectateur militaire. M—d—j.




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