Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Albignac (Louis-Alexandre d’)


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Index par tome


ALBIGNAC (Louis-Alexandre d’), né le 22 mars 1739 à Arrigas près du Vigan, entra au service à l’âge de seize ans, avec le grade de sous-lieutenant, dans le régiment de Hainaut infanterie, et se trouva l’année suivante au siège de Saint-Philippe dans l’île de Minorque. Le régiment de Hainaut ayant été réformé après la guerre de sept ans, Albignac alla joindre en Amérique celui de Boulonnais, dans lequel il obtint une compagnie. Plus tard il fut appelé au commandement de la Piève d’Istria, en Corse ; il y resta jusqu’au 30 décembre 1772, et fut alors nommé lieutenant-colonel du régiment de Pondichéri, qu’il commanda en l’absence du colonel. En 1778 le général anglais Munro vint faire le siège de cette ville avec une armée de vingt-deux mille hommes ; la garnison, commandée par d’Albignac sous les ordres du général Bellecombe, gouverneur de la place, n’était que de sept cents hommes. Elle fit néanmoins une longue défense, et obtint une capitulation honorable. La conduite qu’avait tenue d’Albignac pendant ce siège lui valut le titre de colonel du régiment de Pondichéri, de brigadier d’infanterie dans les colonies (22 août 1780), et, l’année d’après, une pension de 2,400 fr. sur le trésor royal. Il continua de servir dans l’Inde, où il fut employé à-la-fois comme major-général de l’armée et comme brigadier. Le 13 juin 1783 il se trouvait, avec la brigade d’Austrasie qu’il commandait, et le reste de l’armée française forte de dix mille hommes, au sud de Goudelour, seule place que la France possédât encore sur le continent indien, lorsque le général anglais Stuart, à la tête de dix-sept mille hommes, vint attaquer notre armée, et menacer cette place. Un combat meurtrier s’engagea : un corps de Cipayes français prit la fuite dès le commencement de l’action : les Français furent repoussés et mis en désordre sur presque tous les points ; mais la division d’Albignac, après avoir défait le corps anglais qui lui était opposé, se porta au secours des régiments qui pliaient, rétablit le combat, et força les Anglais à la retraite. Ce succès, dont le résultat était important, puisqu’il nous conservait Goudelour, notre dernier pied-à-terre dans l’Inde, fut dû principalement au baron d’Albignac, et surtout à la manière habile dont il se servit de l’artillerie qu’il ne cessa de diriger lui même. Le bailli de Suffren l’en félicita par une lettre flatteuse ; la cour le nomma brigadier au département de la guerre, et lui accorda une pension de quatre mille francs sur le trésor royal, et de mille francs sur les invalides de la marine. Le baron d’Albignac ramena sa brigade en France après la paix (1784) ; le 9 mars 1788 il fut nommé maréchal-de camp, et employé en cette qualité, le 8 novembre 1790, dans la neuvième division de l’intérieur[1]. La conduite qu’il avait tenue comme commandant des troupes de ligne du département du Gard, au milieu des troubles qui agitaient cette contrée, fut approuvée par l’assemblée constituante dans sa séance du 20 février 1791. Chargé d’une expédition contre le camp de Jalès, il était parvenu, à la tête de sept à huit mille hommes, tant de gardes nationaux que de troupes de ligne, à dissoudre ce camp, à s’emparer des quatre principaux chefs des insurgés, et à disperser les autres, sans effusion de sang et sans tirer un coup de fusil. A la fin de septembre suivant, il fut l’un des trois commissaires désignés par le roi pour l’exécution du décret qui réunissait à la France le comtat Venaissin ; mais il se dégoûta bientôt de cette mission difficile, et s’en démit dès le commencement de décembre. Le 22 mai 1792 le roi le nomma lieutenant-général. Au mois de juillet il parvint à réprimer quelques tentatives de désordre qui eurent lieu en Auvergne. Au commencement de la guerre le baron d’Albignac reçut l’ordre de se rendre à l’armée des Alpes, qu’il commanda par intérim en l’absence du général en chef Kellermann ; il passa, le 8 avril 1793, à l’armée du Rhin, et n’y resta que jusqu’au 1er juin suivant. Rentré alors dans ses foyers, un arrêté du directoire exécutif, du 9 thermidor an 7, le nomma commandant de la dixième division militaire : il quitta définitivement le service le 7 floréal an ix, après quarante-six ans de travaux. Retiré au Vigan, il y est mort vers 1820. Le baron d’Albignac était chevalier de Saint-Louis depuis 1774 ; le roi le nomma commandeur du même ordre le 27 décembre 1814 ; un décret du 8 germinal an xiii (29 mars 1805) l’avait nommé chevalier de la Légion-d’Honneur. Une notice sur ce général, ornée de son portrait, a été imprimée dans les Tablettes mililaires du déparlement du Gard et séparément, sans date, in-8º de 16 pages.F—ll.


  1. Cette division était alors formée des départements de l’Ardèche, de la Lozère, du Gard, de l’Aveyron, du Tarn et de l’Hérault.



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