Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Albignac (Philippe-Francois-Maurice, comte d’)


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ALBIGNAC (Philippe-Francois-Maurice, comte d’), lieutenant-général, issu de la même famille, mais d’une autre branche que le précédent[1], était né le 15 juillet 1775, à Milhaud, dans le Rouergue. Il fut élevé aux pages du roi[2] et entra ensuite dans un régiment, avec le grade de lieutenant. En 1792, il émigra avec son père et rejoignit l’armée des princes ; il y servit comme aide-de-camp de son grand-oncle maternel, le comte de Montboissier, commandant des compagnies rouges, et passa ensuite au service d’Autriche. Il rentra en France après le 18 brumaire ; et plus tard prit du service dans les gendarmes d’ordonnance de la garde impériale, commandés par le comte de Laval-Montmorency. Il y avait le grade de colonel, lorsque ce corps ayant été licencié (1808) le comte d’Albignac passa au service de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, qui le nomma son aide-de-camp, puis son grand-écuyer et lui conféra le titre de général de brigade ; il remplissait en même temps les fonctions de ministre de la guerre. L’année suivante, le comte d’Albignac eut le commandement de l’avant-garde du dixième corps de l’armée d’Allemagne, et fut chargé de poursuivre le fameux chef de partisans Schill (Voy. ce nom, XLI, 130), sur lequel il reprit le fort de Domitz. Par lettres-patentes du 3 mai 1810, Jérôme Bonaparte créa d’Albignac, comte de Ried, et lui donna le fief de ce nom ; mais on dit que le zèle de ce général à réprimer les dilapidations et les désordres lui avait attiré l’animadversion de la cour du nouveau roi. A la suite de quelques intrigues dirigées contre lui, il eut une entrevue avec Jérôme, auquel il offrit sa démission. Le roi la refusa, traita son ministre avec une affectueuse bonté et lui reprocha en termes bienveillants son ingratitude ; puis le Moniteur westphalien du lendemain apprit à M. d’Albignac que sa démission avait été acceptée pour cause de santé, et qu’il devait partir pour le midi de la France ; qu’au surplus son traitement lui était conservé intégralement. D’Albignac rejeta cette dernière faveur et quitta sur-le-champ Cassel. A son retour en France il fut employé comme chef d’état-major du sixième corps de la grande armée, sous les ordres du maréchal Gouvion-Saint-Cyr, et fit ainsi la campagne de Russie. En 1813 il fut nommé commandant du département du Gard. Le retour des Bourbons, l’année suivante, le fit mettre d’abord à la demi-solde ; mais il fut nommé, le 8 juillet 1814, chevalier de Saint-Louis ; le 24 août officier de la Légion-d’Honneur, et le 29 novembre maréchal-de-camp d’infanterie ; le 26 février 1815, il fut promu au grade de commandeur de la Légion-d’Honneur. Lors du débarquement de Bonaparte sur les côtes de Provence, il accourut à Paris, accompagna le maréchal Gouvion-Saint-Cyr à Orléans, comme son chef d’état-major ; et, après la défection des troupes dans cette ville, il se rendit sur les bords du Rhône, auprès du duc d’Angoulème, qu’il rejoignit à Valence, lorsqu’il ne restait plus à ce prince d’autre parti à prendre que celui de la retraite. D’Albignac se retira dans sa famille au Pont-Saint-Esprit, et pendant que le duc d’Angoulême était prisonnier dans la même ville, il pénétra jusqu’à lui, et en reçut des pleins-pouvoirs, avec lesquels il se rendit à Lyon, puis dans les Pays-Bas, auprès de Louis XVIII. Il rentra en France avec le roi et fut nommé, en juillet 1815, secrétaire-général du département de la guerre sous le maréchal Gouvion, place qu’il conserva jusqu’à la retraite de ce ministre, au mois de septembre suivant. D’Albignac fut nommé peu après commandant de l’école militaire de Saint-Cyr et promu au grade de lieutenant-général le 25 avril 1821. Il avait fait partie, en 1816, du conseil de guerre qui condamna à mort, par contumace, le général Lallemand jeune (Voy. ce nom au Supp.). En 1822 il quitta la direction de l’école de Saint-Cyr, et se retira du service. Il était atteint déjà de la maladie douloureuse qui, après deux ans de souffrances, termina ses jours, le 31 janvier 1824. Aux titres que nous avons énumérés le comte d’Albignac joignait ceux d’inspecteur-général d’infanterie et de membre de la commission pour organiser la défense du royaume (1818) ; de commandeur de l’ordre de Saint-Louis, et de l’ordre saxon de Saint-Henri F—ll.


  1. Le général d’Albignac, dont l’article précède, était de la brancbe des d’Albignac barons d’Arre ; son père avait été capitaine d’infanterie et plusieurs de ses ancêtres s’étaient distingués dans les armes. Le titre de baron d’Arre avait été conféré à Charles d’Albignac, son trisaïeul, en 1662, pour récompenser sa valeur au siège de Cresseil. Le comte Philippe-François-Maurice était d’Albignac de Castelnau.
  2. Nous répétons cette assertion d’après les Biographies qui nous ont précédés, en faisant observer que son nom ne se trouve pas dans les listes, à la vérité bien incomplètes, des pages de la chambre, de la grande et de la petite écurie, insérées par M. de St-Allais, dans son Nobiliaire Univ. de France, t. v, p. 527 et suiv., et que nous l’avons aussi vainement cherché dans celles que fournit l’Almanach de Versailles, de 1782 à 1789.



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