Biographie universelle ancienne et moderne/1re éd., 1811/Albertrandy (Jean-Chrzciciel ou Chrétien)


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ALBERTRANDY (Jean-Chrzciciel ou Chrétien), prélat et historien polonais, naquit à Varsovie en 1731, et entra a l’âge de 16 ans dans la société de Jésus. Après avoir enseigné douze ans dans les maisons de Pultusk, de Plock, de Nieswiez et de Wilna, il fut appelé par Joseph Zaluski, qui le nomma son bibliothécaire et le chargea du classement de ses livres. En 1764. l’archevêque-primat Lubienski lui confia son neveu, Félix Lubienski. Après avoir dirigé les études de ce jeune homme, Albertrandy l’accompagna dans ses voyages, notamment en Italie. Le jeune Lubienski offrit au roi Slanislas-Anguste, en 1775, la collection d’anciennes médailles qu’il avait recueillies en Pologne et dans ses voyages : le monarque l’ayant apprécié, le nomma son lecteur et directeur de son cabinet d’antiquités. Albertrandy, admis à l’intimité du prince, lui parla des documents de l’histoire de Pologne qui se trouvaient dans les bibliothèques et archives étrangères. Le roi le chargea de les rassembler. Albertrandy se rendit en Italie (1782), où pendant trois ans il fut occupé à transcrire dans la bibliothèque du Vatican et dans différentes archives tout ce qui se rattachait à l’histoire de son pays. Ces copies ou, comme il les appelait, ces excerpta, écrites de sa main, formaient une collection de cent dix volumes in-folio. Pendant l’époque malheureuse où les princes de la maison de Wasa commandèrent en Pologne, un grand nombre de livres, de diplômes et de manuscrits avaient été transportés en Suède. Par exemple, les jésuites de Braunsberg, en Warmie, avaient une riche bibliothèque ; Gustave-Adolphe en fit don à l’académie d’Upsal, lorsqu’en 1626 il se fut emparé de Braunsberg. Albertrandy, revenu de l’Italie, alla en Suède pour y faire le même travail. Admis dans les bibliothèques et dans les archives de Stockholm et d’Upsal, mais sans avoir pu obtenir, comme en Italie, la permission de prendre des copies, il passait la journée à lire attentivement, et en rentrant chez lui il faisait ses excerpta. Doué d’une mémoire très-heureuse, il pouvait mettre sur le papier tout ce qu’il avait lu. Ainsi il composa une nouvelle collection qui, jointe à ce qu’il avait recueilli en Italie, formait un manuscrit de deux cents volumes in-folio. Ces richesses étant déposées dans la bibliothèque du roi de Pologne, Naruszewicz et Albertrandy en ont fait usage pour les travaux qu’ils ont publiés sur l’histoire de ce royaume. De la bibliothèque du roi la collection passa entre les mains de Thadée Czacki, qui l’acheta pour la bibliothèque du gymnase de Krzémieniecz en Wolhynie, où elle doit se trouver aujourd’hui. Le prince Adam Czartoryski a aussi acquis, pour sa bibliothèque de Pulawie, un grand nombre de diplômes qui ont rapport à l’histoire de Pologne. Stanislas-Auguste, voulant témoigner sa satisfaction à Albertrandy, le nomma son bibliothécaire, et lui donna l’évêché de Zénopolis. Il lui conféra aussi les insignes de l’ordre de Saint-Stanislas et la grande médaille d’or qui porte l’inscription Merentibus. Chargé de mettre en ordre la belle bibliothèque de ce monarque, Albertrandy en fit un catalogue dans lequel on trouve des remarques critiques sur chacun des ouvrages. Ce catalogue, composé de dix volumes in-8º, a été, par les soins de Thadée Czacki, transporté avec la bibliothèque royale à Krzémiéniecz. C’est à Albertrandy que la ville de Varsovie doit l’érection de son académie connue sous le nom de Société des Amis des sciences ; il la présida jusqu’à sa mort, arrivée au mois d’août 1808. Albertrandy avait reçu de la nature de rares talents, qu’il sut perfectionner par une constance de travail peu commune. On l’appelle le Polyhistor polonais. Il saisissait promptement, et savait ranger ses idées avec ordre et méthode. Sa mémoire était si sûre, qu’il rendait mot à mot les passages les plus étendus qu’il venait de lire. Il écrivait avec pureté dans sa langue maternelle. Il savait le grec, le latin, l’hébreu et la plupart des langues européennes, comme le français, l’anglais, l’italien et l’allemand ; il écrivait même correctement quelques-unes de ces langues. Aucune branche des connaissances humaines ne lui était étrangère ; mais il s’était particulièrement exercé dans la littérature classique et dans les antiquités. Après sa mort, son élève Félix Lubienski, alors ministre de la justice, lut une notice sur lui à l’académie de Varsovie. Ses ouvrages publiés sont : I. Les Annales de la république romaine, depuis la fondation de Rome jusqu’aux temps des Césars d’après Macquer, avec des additions qui ont rapport à l’histoire, à la géographie, aux mœurs, aux formes du gouvernement, aux spectacles, aux sacrifices, aux fonctions et dignités chez les Romains, etc. (en polonais), Varsovie, 1768, in-8º. L’auteur en a fait paraître une seconde édition bien préférable à la première, Varsovie, 1806, 2 volumes in-8º. II. Annales du royaume de Pologne (en polonais), Varsovie, 1768, in-8º. L’auteur avait pris pour modèle l’Abrégé chronologique de l’histoire de Pologne, par Fréd.-Aug. Schmid, Varsovie et Dresde, 1763, in-8º. Albertrandy y ajouta le règne d’Auguste III ; et, d’après les changements qu’il avait faits à l’ouvrage, il doit en être considéré comme l’auteur plutôt que comme le traducteur. III. Le Moniteur qui a paru à Varsovie depuis 1764 jusqu’en 1784 contient un grand nombre d’articles donnés par Albertrandy. IV. Les entretiens agréables et utiles parurent en polonais à Varsovie, depuis 1769 jusqu’en 1777. Ce recueil périodique, dont nous avons 16 volumes, fut fondé par Naruszewicz, et continué par Albertrandy ; les volumes qui appartiennent à ce dernier ont été réimprimés. V. Antiquités romaines éclaircies par les médailles frappées dans les temps de la république et des seize premiers Césars, et conservées dans le cabinet de Stanislas-Auguste, roi de Pologne : mémoires lus par Jean Albertrandy en différentes séances de l’académie royale de Varsovie ; ils se trouvent dans ceux de l’académie, d’où ils ont été tirés et réimprimés à part à l’imprimerie des Piaristes, 3 volumes, 1805, 1807 et 1808. Le second volume est intitulé : Monuments pour l’histoire ancienne, en particulier pour celle de Rome, d’après les médailles de la république romaine et des Césars, jusqu’à l’empereur Commode. VI. On trouve aussi dans les Mémoires de l’académie de Varsovie un grand nombre de dissertations et discours prononcés aux séances de l’académie. La dissertation sur les Muses, insérée dans le premier volume des Mémoires de l’académie, a été publiée séparément, Varsovie, 1801, in-8º, et traduite en latin par l’auteur même, Varsovie, imprimerie des Piaristes, 1801, in-8º. La dissertation sur le Soleil, comme divinité païenne, insérée dans le tome VII des Mémoires de l’académie, est remarquable par l’étendue des recherches. Tous les ouvrages d’Albertrandy sont écrits dans un style pur, élégant ; ses pensées sont fortement exprimées, les périodes sont pleines, arrondies ; on sent que c’est un Polonais qui a étudié et qui possède parfaitement la langue de Tite-Live et de Cicéron. Comme fondateur et président de l’académie de Varsovie, Albertrandy avait ouvert la première séance. Il parut, contre son discours, une brochure anonyme adressée à la Société des amis des sciences (en polonais), Varsovie, 1801, in-8º. Ou y reproche à Albertrandy d’avoir étouffé les mouvements de son cœur, et parlé contre sa conviction. Le prélat, déjà septuagénaire, ne crut point devoir répondre à une critique, d’ailleurs assez modérée. Albertrandy a laissé en manuscrit : I. Histoire de Pologne, pour les trois derniers siècles, expliquée par les médailles de l’époque. II. Choix des annales polonaises jusqu’au règne de Vladislas IV. III. Histoire d’Étienne Battori. Ces manuscrits étant tombés entre les mains des parents du défunt, on n’a publié jusqu’à présent que l’Histoire de Battori, (en polonais), Varsovie, 1823, in-8º. G—y.


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