Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ADELBOLD

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ADELBOLD ou ATHELBOLD, évêque d’Utrecht, mathématicien et musicien, né vers 960, mort en 1027. Il appartenait à une famille noble originaire de la Frise, et il naquit, paraît-il, dans la province de Liége. Il était jeune encore quand il commença ses études à Lobbes, près de Thuin, dans le Hainaut, où existait une institution de bénédictins, et eut le bonheur de se voir diriger par les soins du savant Hériger, l’un des premiers restaurateurs des sciences et des lettres à une époque où les lumières avaient encore tant de peine à se répandre. Bientôt, par les recommandations de son maître, Adelbold se vit favorablement accueilli par Notger, évêque de Liége, qui fut également l’un de ses appuis et de ses précepteurs. Soutenu par ces hommes distingués, il devint plus tard l’un des élèves privilégiés du savant Gerbert, alors professeur à Reims et qui ne tarda pas à devenir pape sous le nom Sylvestre II. La reconnaissance porta Adelbold à dédier à cet ecclésiastique, aussi distingué par ses vertus que par ses profondes connaissances, son ouvrage sur la sphère, dont nous aurons bientôt occasion de parler. C’est surtout par les soins de ces savants que les sciences positives commencèrent à se développer en Europe. Les noms de Gerbert, d’Adelbold, d’Hériger sont cités encore aujourd’hui avec les plus grands éloges, comme ceux des précurseurs de la renaissance des sciences et des lettres chez nos aïeux.

À la fin du xe siècle, Adelbold, par son savoir, s’était déjà placé au nombre des hommes les plus distingués de son époque. Au commencement du siècle suivant, en 1003, il perdit le prélat distingué à qui il avait dédié son principal écrit. Il crut devoir s’adresser alors à l’empereur d’Allemagne Henri II, dont il fut nommé chancelier en 1008. À peu de temps de là (en 1010), il succéda à Elfride et fut nommé dix-neuvième évêque d’Utrecht. Cette position élevée développa chez lui des idées ambitieuses et le porta, malgré son caractère ecclésiastique, à revêtir la cuirasse du guerrier et à prendre les armes contre le comte Dideric ou Thierri afin d’obtenir un agrandissement de territoire. Il engagea plusieurs princes souverains à s’associer à ses entreprises belliqueuses ; mais, malgré son énergie et sa valeur, il fut forcé de faire la paix. Il tourna alors son activité vers des occupations paisibles et plus conformes à son état. Il fonda, dans son diocèse, plusieurs églises et montra un grand zèle pour tout ce qui pouvait honorer la religion, ainsi que la science qu’il n’avait jamais perdue de vue. Il fit édifier, notamment, une cathédrale magnifique, dont il reste encore une partie, et il en fit la dédicace avec solennité, en présence de l’empereur d’Allemagne, son protecteur, et de douze évêques qu’il avait conviés à cette solennité.

Sa reconnaissance envers l’Empereur était extrême : il en donna la preuve en écrivant l’éloge de ce prince, lors de son décès survenu en 1024. On ne connaît qu’une partie de cet écrit ; le reste ne nous est point parvenu. On loue, en général, ses connaissances et son style, remarquables pour l’époque où il vivait. Ses ouvrages donnent, en effet, la preuve du talent qu’il possédait.

Voici l’indication de quelques-uns des autres écrits dont il eut successivement occasion de s’occuper :

1o La Vie de sainte Walburge ;

2o L’éloge de la sainte Vierge ;

3o Un chant nocturne ;

4o Les louanges de la Croix (poésie et prose) ;

5o Quelques sermons.

Il paraît qu’Adelbold avait écrit également un traité sur la musique : on n’en a conservé que le titre.

Nous rappellerons plus spécialement l’ouvrage qu’il composa sur le volume de la sphère, De ratione inveniendi crassitudinem sphœrœ, et qu’il dédia à son protecteur, le pape Sylvestre II. On le trouve dans le troisième volume de Martène et Durand, Thesaurus anecdotorum, à la suite de l’ouvrage plus étendu de Gerbert sur la géométrie. Dans son Histoire des mathématiques, Montucla s’est exprimé de la manière suivante sur cet écrit : « En supposant le rapport approché du diamètre à la circonférence, donné par Archimède, il fait celui de la sphère au cube du diamètre de 11 à 21 ; c’est, en effet, ce qui suit du rapport précis de 2 à 3, entre la sphère et le cylindre circonscrit, combiné avec le premier. Mais les raisons qu’en donne Adelbold sont tout à fait vagues et agéométriques. »

Les paroles d’Adelbold ne sont pas aussi précises que le dit Montucla. Peut-être l’historien français a-t-il pu se tromper en lisant le texte latin de l’ancien géomètre belge, qui n’a pas, du reste, cette précision et cette clarté que l’on trouve généralement dans ses autres écrits. L’ouvrage d’Adelbold est de peu d’étendue et il ne présente un intérêt réel que par les circonstances dans lesquelles il a été écrit.

Montfaucon parle d’un autre ouvrage d’Adelbold qui doit se trouver à Rome, dans la bibliothèque du Vatican ; il a pour titre : Adelboldi ad Gerbertum Scholasticum de astronomiâ seu abaco, etc. On l’a recherché depuis, mais sans réussir à le trouver.

Adelbold ne survécut pas longtemps à l’empereur Henri II, à qui il semblait porter une grande reconnaissance pour les témoignages d’estime et de protection qu’il en avait reçus ; il mourut à Utrecht le 27 novembre 1027 ; d’autres ont écrit le 1er ou même le 23 décembre de la même année.

Ad. Quetelet.