Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ADELBERT
ADELBERT ou ALBERT, archevêque de Magdebourg, décédé en 981, était comte de Mosellane de Remich (ancien duché de Luxembourg). Le manuscrit Viri illustres, cité dans la Biographie luxembourgeoise de Neyen, porte : « Adelbert, fils du comte Mosellan de Remiche, de moine de Saint-Maximin de Trèves, devint premier archevêque de Magdebourg, prince du saint-empire et primat de Germanie. »
Otton le Grand, empereur d’Allemagne, désirant convertir à la foi chrétienne les peuples de l’ancienne Sarmatie, demanda à l’archevêque de Mayence, son fils naturel, un missionnaire éprouvé. Ce prélat tira du monastère de Saint-Maximin de Trèves, Adelbert, que les chroniqueurs nomment un personnage de grand nom et de grand mérite ; il le consacra évêque et l’envoya prêcher l’Évangile aux Russes. Mais son zèle dut fléchir devant l’indomptable caractère de ces peuples, et il n’échappa que difficilement à leur fureur. Il revint à Mayence et fut nommé par l’Empereur abbé de Weissembourg. L’idée favorite du grand Otton était l’érection d’un archevêché à Magdebourg, mais ce n’est qu’après plusieurs années de lutte, et après avoir vaincu les résistances de l’évêque d’Halberstadt, qu’il parvint enfin à son but et appela Adelbert à ce siége en 968. L’année suivante, Otton obtint du pape Jean XIII, au concile de Ravenne, l’érection de l’archevêché, et, en 970, Adelbert fut confirmé comme premier archevêque de Magdebourg. Il reçut des légats du pape le pallium et l’investiture, et, en outre, dit le chroniqueur saxon, il fut investi de la primauté dans l’ordre ecclésiastique sur toutes les églises de la Germanie et nommé métropolitain de toute la nation des Esclavons entre l’Elbe et la Saale. Cette haute dignité fut confirmée plus tard par le pape Benoît VI. Nous n’entrerons pas ici dans la savante discussion soulevée entre les Bollandistes et les prémontrés, au sujet de la signification de la primauté des archevêques de Magdebourg sur l’Allemagne ; elle se résume toute dans ce que l’on entendait alors par Germanie.
L’installation d’Adelbert se fit avec une pompe extraordinaire, en présence des légats du saint siége, des princes de la Saxe, des grands du royaume et d’une multitude d’évêques. Il consacra ses suffragants, les évêques de Mersebourg, de Zeits et de Meissen, dont Otton venait aussi de créer les diocèses, reçut à obéissance les évêques de Brandebourg et de Havelberg et, selon Thietmar, sacra encore le nouvel évêque de Posen. Otton versa à pleines mains ses libéralités sur sa belle création et vint, en 973, avec l’impératrice Adélaïde et son fils, passer les fêtes de Pâques à Magdebourg auprès de son cher archevêque. La même année, l’Empereur mourut, et son fils, fidèle à ses volontés, ramena son corps à Magdebourg, où Adelbert l’inhuma dans la cathédrale. Nous trouvons enfin, dans une charte de 1130, donnée par saint Norbert, que ce prélat fonda le grand hôpital de Magdebourg qui porte encore le nom de Saint-Adelbert.
Atteint, dans une tournée pastorale, près de Mersebourg, d’une attaque d’apoplexie, il voulut vainement continuer sa route, mais expira deux jours après, le 20 juin 981. Son corps fut transporté à Magdebourg et inhumé au milieu de la cathédrale avec l’épitaphe suivante :
Prœsul Adelbertus, omni virtute refertus,
Membra solo clausus lœtos agit œthere plausus,
Clerus eum plangit, necnon populum dolor angit
Ipsius hoc pietas menuit, fleat omnis ut œtas.
Il avait administré, pendant près de treize ans son archidiocèse, avec autant d’éclat que d’énergie, et il porte, dans plusieurs histoires, le nom de saint.
Mabillon, Vita Adelberti. Chronographus saxo apud Leibnitz, pp. 181-192. — Thietmar, M. Chron. apud Pertz, Scriptorum II. — Krantz, Metropolis et Chrytrœus Saxonia. Lentzii Arch. Magd. 1738. — Vitriarii Institut. juris publici, pp. 1218 et 1220. — Vie de saint Norbert, pp. 362, 374. Acta Sanctorum, VI Junii, pp. 37 à 49. — Ludevig Rel Mss. omnis œvi, t. XII, p. 471, et t. V, pp. 51, 159 et 191.