Biographie nationale de Belgique/Tome 1/ADÈLE, Sainte

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ADÈLE ou ADILE (Sainte), naquit dans la Hesbaie, où elle possédait un vaste patrimoine. On croit qu’Orp-le-Grand, près de Jodoigne, village qui faisait anciennement partie de la Hesbaie, était un domaine libre qui lui appartenait. Elle y mourut vers l’an 670, après s’être rendue célèbre par ses vertus et surtout par la généreuse hospitalité qu’elle exerçait envers les pauvres et les étrangers. Elle y fonda, dit-on, un couvent de sœurs hospitalières ; mais comme la maison, située sur la pente d’une colline, était d’un accès trop difficile, elle en fit construire une autre, avec une église, dans la vallée. C’est au même village que la fameuse Alpaïde finit ses jours dans des grands sentiments de pénitence, après y avoir établi, vers 698, un monastère qui ne fut peut-être, en réalité, qu’une nouvelle fondation annexée, avec une libéralité royale, au couvent construit primitivement par les soins de sainte Adèle. Quoi qu’il en soit, il ne reste depuis bien longtemps aucune trace de ces établissements ; l’un et l’autre ont été détruits pendant les invasions des Normands.

Le corps de sainte Adèle est conservé dans l’église paroissiale d’Orp-le-Grand. Ses reliques y attirent un grand concours de peuple, surtout le jour de la fête de saint Michel, le 29 septembre, où on les porte en procession. Molanus et d’autres marquent sa fête sous le 30 juin. Un commentaire du père Papebrochius sur cette sainte a été reproduit par Ghesquière, dans ses Acta SS. Belgii, t. II, p. 633. Voyez ibid., pp. 437 et 448.

Molanus, d’après un ancien manuscrit de la prévôté de Saint-Bavon à Gand, semble porté à croire que sainte Adèle d’Orp-le-Grand était la sœur de saint Bavon. Quoiqu’on sache qu’on célébrait anciennement à Gand, le 25 mai, la mémoire d’une sainte Adèle, sœur de saint Bavon, il n’y a pas de preuves suffisantes pour attribuer à Adèle d’Orp-le-Grand la parenté en question. Les erreurs que l’on rencontre dans les différentes vies imprimées de sainte Adèle d’Orp-le-Grand, proviennent de ce qu’on l’a confondue avec sainte Adile ou Odile (Othilia), abbesse de Hohenbourg et patronne de l’Alsace, dont on célèbre la fête le 13 décembre. Cette observation s’applique particulièrement à une vie publiée en français, à Liége, en 1624, par le père Jean Du Monceaux, jésuite, et dédiée à Adrien Stalpaerts, abbé de Tongerloo[1].

La Hesbaie compte aussi au nombre de ses saints personnages la bienheureuse Adèle, la mère de saint Trudon, inhumée au village de Zelem, près de Diest, qui lui appartenait. Voyez Molanus, Nat. SS. Belgii, p. 251 v°, et Ghesquière, Acta SS. Belgii, t. V, p. 30, not. b, et p. 31, not. g.

Une autre sainte, du nom d’Adèle, appartenant à la Belgique, est la fille de Dagobert II, roi d’Austrasie. Elle épousa un seigneur nommé Albéric, dont elle eut plusieurs enfants. Devenue veuve, elle fonda, près de Trèves, où sa sœur Ermine était abbesse d’Ohren (Monasterium Horeense), le monastère de Palatiole (Palatiolum), aujourd’hui Pfaltz, et y prit le voile vers l’an 700. Placée à la tête de cette communauté, elle la gouverna saintement pendant plus de trente ans et mourut vers l’an 734. Sa mémoire est marquée dans des martyrologes sous le 24 décembre avec celle de sa sœur sainte Ermine.

Une autre Adèle encore, dont le nom est cité avec vénération dans nos annales, est fille de Robert, roi de France, épouse du comte de Flandre, Baudouin V, dit de Lille ou le Débonnaire. Après la mort de son mari, en 1067, elle fit un voyage à Rome et y reçut le voile des mains d’Alexandre II. En revenant dans sa patrie, elle rapporta avec elle les reliques de saint Sidrone, martyr, dont elle enrichit le monastère des religieuses bénédictines qu’elle avait fondé à Messines, à deux lieues d’Ypres, et dans lequel elle passa le reste de ses jours. Cette princesse mourut, non en 1079, comme le marque De Meyere, ni en 1099, comme le dit Gazet, mais en 1071, suivant le nécrologe de Messines, où son nom se trouve sous le 8 janvier.

P. F. X. de Ram.


  1. Le patronage de l’église d’Orp-le-Grand appartenait, depuis 1339, à l’abbaye de Tongerloo, par l’achat qu’elle en fit à l’abbaye de Bonne-Espérance ; celle-ci, à son tour, l’avait acheté de l’abbaye de Florines.