Le nommé Salvat


Encore pour celui-ci, nous devons placer un point d’interrogation à la suite de son nom. Le jugement rendu dans l’Affaire du Canada le désigne ainsi : « Salvat, ci-devant commis du munitionnaire dans les bureaux de Montréal. »

Dans tout le régime français au Canada, nous ne rencontrons qu’un seul Salvat. Le 12 janvier 1761, Jean Salvat, fils de Jean Salvat et de Marie Bruyère, de Saint-Rémi, diocèse de Langres, en Champagne, épouse à Saint-Michel d’Yamaska Marie-Louise Pélissier, veuve de Jean-Marie Thibert, comme nous le voyons par l’acte de mariage suivant :

« L’an mil sept cent soixante un le douze de janvier après avoir publier par trois dimanches et fêtes consécutifs au prône de la messe paroissiale trois bans de mariage entre Jean Salvas dit Laviolette fils de Jean Salvas et de Marie Bruyère ses père et mère de la paroisse de St-Rémi Diocèse de Langres en Champagne d’une part ; et Marie-Louise Pélissier veuve de Jean-Marie Thibert aussi de cette paroisse de l’autre part. Sans qu’il se soit découvert aucun empêchement légitime, je soussigné curé de cette paroisse ay reçu leur mutuel consentement de mariage selon la forme prescrite par la Ste-Église en présence d’André Laferté, de Claude Lair, de Pierre Pélissier de Pierre Héber et autres qui ont déclaré ne savoir signer de ce requis après lecture faite suivant l’ordonnance. »

N’est-ce pas là le commis du munitionnaire Cadet ? Mais il ne faut pas trop se fier à l’orthographe des noms sous le régime français. Notre Salva peut être un Salvayo. Les noms Salvat et Salvave ont à peu près le même son à l’oreille et à cette époque on écrivait souvent les noms simplement au son. Les Salvage de Trémont jouissaient alors d’une certaine influence, et l’un d’eux aurait bien pu être dans les bonnes grâces du munitionnaire Cadet.

En tout cas, le nommé Salvat ne se présenta pas au Châtelet de Paris, et le 10 décembre 1763, le tribunal déclara qu’il serait plus amplement informé des faits le concernant.

En avril 1765, Salvat, de retour en France, se livra à la police, fut incarcéré à la Bastille et subit son procès devant le Châtelet qui le mit hors de cour.

Si le sieur Salva, acquitté par le Châtelet, est le Salvat qui se maria à Saint-Michel d’Yamaska en 1761, sa femme ne le suivit pas en France car nous la voyons faire baptiser un enfant à Saint-Michel d’Yamaska en janvier 1765.