Éditions de Minuit et demi (p. 17-18).

Paysage

Voici nos biens qui surgissent des brumes
Voici Paris dans la nuit qui s’allume,
Voici la ville où dorment nos trésors,
Tout est caché derrière les barreaux.
Les arbres roux sont ceux du parc de Sceaux
Ceux que l’on aime y respirent encore.

Comme un signal au bout de la jetée,
Comme un fanal sur le phare agité,
Voici la Tour, grande fille de fer,
Elle surmonte au-dessus des nuages
Nos diamants, notre or, et nos images,
Les cargaisons englouties depuis hier.


Ô ma jeunesse, au fond de ce brouillard,
Reviendras-tu, avant qu’il soit trop tard,
Pour conjurer les tempêtes encor ?
Ce n’est qu’à toi que je crois et confie
En cet automne où court sans fin la pluie,
Mon pauvre cœur menacé par la mort.