Aux femmes d’Espagne
AUX FEMMES D’ESPAGNE
Quand notre ciel devenu sombre
Au linceul des jours est pareil,
Avez-vous pitié de notre ombre
Ô vous qui venez du soleil ?
Et quand de nos cœurs pleins d’alarmes
L’angoisse se lit dans nos yeux,
Avez-vous pitié de nos larmes,
Ô vous dont l’amour est joyeux ?
Et savez-vous que le poète,
Las d’amertume et las de nuit,
Fendant l’air sur l’aile muette
D’un rêve doré, vous poursuit
Au pays où l’amour se chante,
Sous les balcons aventureux ;
Où des fleurs la grâce penchante
Se tend aux mains des amoureux ;
Où le couchant met des lumières
À tous les angles des portails ;
Où l’âme des roses trémières
Flotte au souffle des éventails ?