Au service de la France/T4/Ch VI
CHAPITRE VI
Longuement interrogée, ma conscience m’interdit de quitter mon poste. Plus je suis attaqué, moins je puis songer à déserter. Certains journaux de droite me conseillent un coup de force, qui ne serait qu’un coup de tête. Je dois mater la Chambre, si je ne veux pas sombrer sous le mépris public ; si elle ne marche pas, il faut la dissoudre. Comme si le Sénat était disposé à donner l’approbation nécessaire ! Comme si, le budget de 1914 n’étant pas encore voté, la Chambre elle-même n’était pas maîtresse de refuser un douzième à la fin du mois et, par conséquent, de rendre impossibles de nouvelles élections ! Et comme si enfin, le suffrage universel, qui vient de se prononcer, était prêt à se déjuger, à quelques semaines d’intervalle, sur l’injonction d’un homme !
Non. J’exercerai loyalement, demain comme hier, la magistrature qui m’est confiée. Ce ne sont, quoi qu’on en dise, ni des préjugés, ni même des