Au clair de la dune/Yeux noirs
Dorbon aîné, (p. 43-44).
XVIII
YEUX NOIRS
Un sonnet sur vos yeux, Madame, c’est le diable…
Car ne sont-ils pas noirs comme on le dépeint, lui ?
Mais dans votre prunelle un rayon grave a lui…
Bref, vos yeux sont très noirs, c’est irrémédiable.
Irais-je comparer ces deux mauvais sujets
Aux larmes de la nuit, à des fleurs de bitume,
À deux grains de café sans la moindre amertume,
À des bijoux d’ébène ou des perles de jais ?
Quel maître joaillier sertit ces gemmes sombres
Au creux de votre orbite où de magiques ombres
Font plus blanche votre âme y venant prendre l’air ?
Dans l’océan, un soir, un dense soir d’orage,
Satan a dû puiser le féerique cirage
De ces diamants noirs au ténébreux éclair.