Au clair de la dune/Petits trous pas chers
XVII
PETITS TROUS PAS CHERS
Par ces chaleurs caniculaires
La ville devient un enfer
Et court vers le chemin de fer
En quête de glaces polaires.
Les uns, les poumons aux abois,
S’envolent en foule nombreuse
Vers les nids de l’Ardenne ombreuse
Goûter le charme de ses bois.
Les autres, préférant les sables,
S’embarquent joyeux vers la mer
Et vont dans le flot dit amer
Tremper leurs charmes périssables.
Il est beaucoup d’autres que leurs
Grandeurs attachent au rivage
En un malencontreux servage
Que rendent plus dur ces chaleurs.
Ceux-là cherchent dans les banlieues
Quelque recoin qui leur soit cher,
Au fond d’un petit trou pas cher,
Dans le rayon de quelques lieues…
Là, bien économiquement,
Leur femme et leur progéniture
Font de la villégiature
En chambre, par abonnement.
Le jardinet, c’est leurs Ardennes,
La mare vaut la mer pour eux,
Sans Casino plein d’amoureux
Le cœur fait la nique aux fredaines.
Les époux n’y sont point marris…
Dans leurs bureaux ils se surmènent
Et tous les samedis s’amènent
En chœur par le Tram des maris.