Au clair de la dune/La Mer enrhumée
Dorbon aîné, (p. 38-39).
XVI
LA MER ENRHUMÉE
La mer pince parfois des rhumes étonnants
Et sinistres. La nuit, elle dort toute nue,
Il est vrai, sous le grand ciel de suie, et la nue
Crève, glaçant son ventre et ses seins frissonnants.
Un catarrhe chronique en ses flots moutonnants
Se déchaîne, s’essouffle et la vague éternue
Avec un bruit rythmé de basse continue,
Par vous repris en chœur, échos environnants.
Elle tousse, elle éructe et renâcle, ô phtisie
De géant, redoutable en son hypocrisie,
Car parfois son chant doux monte, clair, vers le ciel.
Et ce n’est certes pas un mal artificiel
Où la quinteuse crache, en sa rage confuse,
Ses monstrueux poumons, méduse par méduse.