Au Pays de Rennes/Place du Palais

Hyacinthe Caillière (p. 16-30).


PLACE DU PALAIS


Le Palais-de-Justice occupe la partie Nord de cette place.

Un jeune avocat, dont nous aurons l’occasion de citer le nom tout-à-l’heure, écrivait dernièrement : « Outre les souvenirs historiques qu’il réveille, le Palais-de-justice est bien ce que Rennes possède de plus remarquable ».

Et, en effet, le vieux Parlement de Bretagne est le monument qui frappe le plus les étrangers de passage en notre ville.

Commencé en 1618, il ne fut terminé qu’en 1654. À cette époque, le Parlement, qui siégeait aux Cordeliers, y fit son entrée le 11 janvier 1655. Les États, qui se réunissaient également dans la salle des Cordeliers, y restèrent, car le Palais fut exclusivement réservé aux séances du Parlement.

Cet édifice n’a qu’un étage ; son architecture toscane est aussi sévère que majestueuse. Il est encadré par une vaste place formée de constructions du même style. Sa façade a 48 mètres de longueur.

Jacques Desbrosses en avait fait les dessins, mais l’exécution en fut confiée à l’architecte Courmeau, qui nécessairement y apporta quelques modifications. Toutefois la façade a été religieusement exécutée sur les dessins de Desbrosses.

Avant l’incendie de 1720, on montait au Palais par un grand perron extérieur, auquel répondait la principale porte-fenêtre de la grande salle dite aujourd’hui des Pas-Perdus, et à cette époque Salle des Procureurs. Après l’incendie cet escalier fut placé intérieurement ; il est monumental mais malheureusement de style Louis XIV au milieu de constructions Louis XIII.

En 1789 la façade du Palais, ainsi que les décorations de quelques salles, subirent des mutilations barbares. Des artistes habiles les ont réparées.

Devant le Palais se dressent quatre statues. Celle placée à l’Est représente Toullier assis. Ce grand jurisconsulte fut l’une des gloires de notre école de droit. Sa statue est de Gourdel, de Châteaugiron, qui avait obtenu à Paris le grand prix de l’École des Beaux-Arts.

À l’Ouest c’est le Sénéchal d’Argentré, célèbre historien et l’un des premiers commentateurs de la coutume de Bretagne. Cette œuvre est due au ciseau du sculpteur Lanno, un Rennais, qui, en 1824, obtint le grand prix de Rome.

La statue debout, à l’est, représente Gerbier, d’abord avocat au Parlement de Bretagne et qui, plus tard, conquit à Paris le surnom de l’Aigle du barreau. Ce fut à l’occasion d’un procès célébre dans lequel l’abbé de Clairveaux fut condamné à payer 120 000 livres de dommages-intérêts à une veuve dont le mari avait été séquestré arbitrairement. Cette statue est de Molchnet dont les débuts à Nantes eurent un très grand succès.

Enfin la quatrième statue représente La Chalotais faisant pendant à Gerbier. L’illustre procureur général, ne pouvait être oublié dans la décoration du palais de l’ancien Parlement dont il avait été l’une des gloires. Sa statue est l’œuvre de Suc, un artiste Nantais.

Les sommes versées par la ville de Rennes pour l’érection de ce monument s’élevèrent à 2.350.000 livres environ, sans compter les charrois, qui furent presque tous faits par corvées ; aussi le Palais de Justice est non seulement un splendide édifice, mais son intérieur est décoré avec un luxe inouï : Partout l’or recouvre les sculptures fouillées dans le chêne, et les plus riches peintures ornent les lambris.

On ne peut qu’admirer les vastes dimensions de la salle des Pas-Perdus et les sept grandes fenêtres qui l’éclairent. La porte principale, qui remonte à 1726, est décorée de belles boiseries et d’un bas-relief représentant la Force et la justice. Au-dessus est la Religion, œuvre consciencieuse du sculpteur Barré.


Salle du palais de justice (Cabinet du 1er président)

Les autres salles ont été décorées par Jouvenet, Coypel, Erard et Ferdinand.

Jouvenet a peint la Religion tenant d’une main un calice et de l’autre le feu divin ; la Justice, appuyée sur la Religion tient la balance et la main de justice. À droite de la Religion sont l’Autorité et la Vérité ; à sa gauche sont la Raison et l’Éloquence. Au-dessous de la Raison, des Génies publient les décrets de la Justice. Au bas du tableau, la Force, par ordre de la Justice, chasse l’Impiété, la Discorde, la Fourberie et l’Ignorance. La Fourberie tient à la main le masque qui lui a été arraché ; sa figure est affreuse. Après cela, des ovales représentant l’Étude, les Connaissances, l’Équité et la Piété.

Coypel, dans une autre chambre a peint la Religion tenant ouvert le livre de loi, et de la main droite montrant la Force. Au-dessous la Justice, l’Injustice, la Fourberie et le Plaideur de bonne foi. Les ovales représentent la Vérité, la Religion, Pomone et la Loi.

Le plafond de la grande chambre, également de Coypel, mérite de fixer l’attention. Au centre est un énorme tableau au sommet duquel est la Justice, représentée par une femme assise sur un trône ; près d’elle est un génie portant un glaive et sa balance. La Justice tend la main gauche à une femme qui, vêtue de blanc, représente l’Innocence. À droite, la Force s’appuie sur un lion ; à gauche, la Sagesse, sous la figure de Minerve, chasse les mauvaises passions. Aux quatre coins de la salle sont quatre ovales : la Justice, la Fraude, la Sincérité, la Foi des Serments.

Toutes ces peintures sont autant de chefs-d’œuvre.

Celles de Ferdinand (1706) sont bien conservées, mais ne peuvent être comparées aux autres.

Quant aux peintures d’Erard, qui datent de 1670, elles ont été restaurées par les pinceaux habiles de MM. Gosse, Boudet et Pourchet, et peuvent prendre rang à côté des œuvres de Coypel et de Jouvenet. C’est un plafond composé de cinq tableaux et représentant la Justice, la Renommée, la Foi, l’Espérance, la Charité, la Paix, l’Eloquence, la Clémence et l’Histoire.

Enfin la Cour d’assises, d’une décoration extrêmement sévère, est sans dorures ni peintures, et consiste uniquement en sculptures sur bois du plus grand style. Les caissons du plafond étaient sans doute destinés à recevoir des fresques ou des tableaux. Au fond de la salle était autrefois le beau Christ de Jouvenet. Mais un condamné ayant lancé son sabot à la tête du Président et crevé la toile, le tableau habilement restauré a été placé dans la première chambre, et remplacé aux assises par une copie. Aujourd’hui les prévenus sont invités à laisser leurs sabots à la porte.

Le rez-de-chaussée du Palais occupé par le tribunal civil et le tribunal de commerce, voûté comme un cloître, a un aspect lugubre qui contraste avec la rutilante somptuosité du premier étage ; c’est qu’à l’origine ce rez-de-chaussée était destiné à servir de prison. L’entrée du Palais se trouvant au premier étage, on descendait dans les prisons par des escaliers intérieurs.

C’est dans une chapelle, qui se trouve à l’intérieur du Palais, que se célèbre tous les ans la messe du Saint-Esprit.

De grandes réparations viennent d’être faites par M. Laloy, architecte des bâtiments de l’Etat, et M. d’Haucour, avocat du barreau de Rennes, en parle en ces termes :

« La restauration du Palais n’était pas une mince besogne. Indépendamment des aménagements intérieurs fort importants, il ne s’agissait, comme on le sait, de rien moins que de changer toute la charpente des combles et de refaire les toitures en entier ; et tout cela sans interrompre le cours de la justice.

« Tel qu’il est aujourd’hui, notre Palais a vraiment grande mine, avec ses larges façades surmontées de toits majestueux, ses hautes et vastes salles aux plafonds chargés de dorures, encadrant des caissons peints par des artistes tels que Coypel et Jouvenet. On a eu le bon goût de laisser les choses en leur état primitif, en sorte que les fleurs de lys fraternisent sur les lambris avec les abeilles impériales et le monogramme de Louis-Philippe. Sur les voûtes, les armes de France et de Bretagne accolées rappellent l’Union librement consentie de 1532, par laquelle les Bretons, abdiquant leur indépendance en réservant leurs franchises, devinrent pour jamais les fils dévoués et les fermes soutiens de la patrie française.

« Lorsqu’aux jours des audiences solennelles la grand’chambre ouvre à deux battants ses portes massives, et que sur les tapisseries tendues le long des murailles se détachent les robes noires des avocats et les robes rouges des conseillers avec, au fond, les présidents aux toges fourrées d’hermine, on se croirait reporté à deux siècles en arrière, aux beaux jours de ce Parlement de Bretagne qui défendit si vaillamment jusqu’à la fin la cause des libertés bretonnes.

« En cette logette dorée qui surplombe dans un angle de la salle, on s’attend à voir apparaître Mme de Sévigné, venant ouïr quelque mémoire de son cousin Montmoron, ou bien encore quel que rapport sur les Réformations de noblesse, élaboré par le conseiller Des Cartes.

« C’est sur ce banc tendu de velours que le procureur-général de La Chalotais fulminait ses réquisitoires ; et, dans une vision évocatrice du passé, le rêveur l’aperçoit, la tête haute, et d’un geste fougueux scandant ses mercuriales éloquentes, tel que le représente la statue érigée à la porte d’entrée du Palais.

« S’il nous était permis de formuler un vœu, nous souhaiterions de voir rétablir au faîte des toitures le couronnement de plomb aux aiguilles dentelées qui l’ornait autrefois, comme on le peut voir dans les estampes anciennes. L’édifice y gagnerait plus d’élégance et de légèreté. »

Par arrêté du Ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts en date du 17 janvier 1884, le Palais de Justice de Rennes a été classé parmi les monuments historiques.

Ce Palais − nous avons oublié de le dire − occupe la place de l’ancien cimetière des Cordeliers.

Le couvent de ces derniers, fondé à Rennes vers 1230, leur fut donné par les ducs de Bretagne. C’était un ancien hospice connu sous le nom d’Hopital Saint-Jacques et qui, d’après la tradition, était destiné dans l’origine à servir d’asile aux pèlerins qui se rendaient à Saint-Jacques de Compostelle.

Cet établissement acquit une grande importance vers le XVIe siècle par les rapports qui existèrent entre le Parlement de Bretagne et les Cordeliers. Le Parlement créé en 1553 tint ses premières séances dans les salles de Saint-François, et y demeura jusqu’au 11 janvier 1655, époque à laquelle il prit possession du Palais.

Les États de Bretagne se réunissaient à Rennes dans le réfectoire des Cordeliers, et ce fut là, qu’en 1789, ils tinrent leur dernière séance. Il existe au Musée une curieuse gravure représentant une tenue des États dans la salle des Cordeliers.

Le couvent occupait le terrain compris entre la rue Saint-François et la rue Louis-Philippe ; celle-ci a été tracée sur l’emplacement d’une partie de l’église conventuelle.

Cette église était située au midi des bâtiments claustraux et avait sa façade occidentale sur le placis Saint-François qui fait partie maintenant de la place du Palais.

Au bas de la nef de l’église, une porte pratiquée vers l’angle septentrional donnait accès dans une petite chapelle accolée à l’église et fondée par les seigneurs de Laval.

En 1576, Guy, comte de Laval et vicomte de Rennes, afféagea cette chapelle avec tous ses droits de prééminences d’enfeu et d’armoiries à Bertrand d’Argentré, Sénéchal de Rennes, qui y fut inhumé.

Pendant la Révolution, le couvent des Cordeliers servit de logement à la troupe, et la vaste salle des États y devint le siège des clubs révolutionnaires.

L’église des Cordeliers fut abattue en 1829 pour le percé de la rue Charles X qui prit plus tard le nom de rue Louis-Philippe et qu’on appelle aujourd’hui rue Victor-Hugo. Cette rue coupa l’église dans son axe.

Quant aux autres bâtiments conventuels, ils furent en partie détruits, en partie adaptés à de nouvelles constructions. Il ne reste plus aucune trace du cloître, mais quelques colonnes de granit qui en proviennent sont déposées au Musée archéologique.

Le premier programme révolutionnaire partit de Rennes.

Dès le 22 décembre 1788, le Tiers-Etat avait formulé des plaintes contre la noblesse et demandé l’abolition des lettres de cachet, la suppression des prisons d’Etat, l’affranchissement des serfs et la liberté illimitée de la presse.

Des idées de liberté fermentaient dans toutes les têtes.

Le café de l’Union, sur la place du Palais, était le rendez-vous de la jeunesse des écoles. Au milieu de la fumée de tabac se groupaient autour des tables des jeunes gens à l’âme ardente, au cœur chaud, à l’œil brillant qui discutaient avec chaleur.

Bernadotte était là qui, du talon de sa botte, voulait écraser le dernier des hobereaux. Il ne songeait pas alors à devenir roi de Suède.

Moreau, le futur général de la République, était prévôt de l’Ecole de droit et exerçait une influence très grande sur les étudiants et les bourgeois.

Volney, l’auteur des Ruines, plus âgé que les autres, était le principal orateur de la bande. Il publia quelque temps après, à Rennes, un journal intitulé « La Sentinelle du Peuple » qu’il imprimait clandestinement dans les caves du château de Maurepas, faubourg de Fougères.

Omnes-Omnibus, un autre étudiant fut député prés de la jeunesse nantaise pour aller chercher du secours après les combats qui eurent lieu, dans les rues, entre les jeunes gens et les nobles.

Plus de 400 Nantais revinrent avec lui et avaient déjà dépassé Bain quand ils apprirent que la paix était faite. Ils continuèrent leur route cependant, mais entrèrent à Rennes sans armes.

Pendant les excès de la Révolution, Rennes se conduisit avec sagesse : elle envoya sa fougueuse jeunesse défendre les frontières et fournit des bataillons d’élite aux armées républicaines.

En 1793, lorsque la guillotine fut transférée de la place de l’Hôtel-de-Ville sur la place du Palais, les exécutions eurent lieu sans interruption. Les malheureux condamnés, les mains attachées derrière le dos, étaient amenés au pied de l’échafaud comme des moutons que l’on conduit à l’abattoir. Emigrés, suspects, prêtres, religieuses, réfractaires et chouans arrivaient à la suite les uns des autres. Leur nombre était considérable, puisque l’histoire nous apprend que 377 têtes tombèrent dans l’espace de vendémiaire an II à thermidor (chûte de Robespierre).

Par suite d’une contestation entre le citoyen chargé des sépultures et ses aides, les corps des suppliciés restèrent nus quatre jours entiers au pied de la guillotine (Reg. des délibérations du 25 ventôse an II).

Au mois de mars 1793 le tribunal criminel du département d’Ille-et-Villaine condamna à mort le citoyen Auguste-Etienne Baude de la Vieux-Ville, ci-devant marquis de Châteauneuf, convaincu de conspiration contre la liberté, de correspondance avec les émigrés ennemis de la République et d’avoir fait passer à ces derniers des secours pécuniaires.

Le jugement déclarait en outre les biens dudit Baude, acquis et confisqués au profit de la République.

Une copie certifiée du procès-verbal de scellés et d’arrestation du prévenu fut notifiée au citoyen de Talhouet Bonnamour son gendre.

L’exécution de M. de la Vieux-Ville eut lieu sur la place de l’Égalité (place du Palais). Il monta résolument à l’échafaud et, comme on le priait de tirer son bonnet, il répondit qu’il avait peur de s’enrhumer.

Un de ses amis M. Jacques-Jean-Michel de la Morvonnais accusé d’avoir prêté une somme de quatre-vingt un mille quarante-huit livres neuf sous en numéraire tant aux fils de la Vieux-Ville qu’à leur mère, fut arrêté et relaxé, faute de preuves suffisantes.

Mais un peu plus tard M. de la Morvonnais n’ayant pas cru pouvoir accepter la présidence du district de Port-Malo, fut de nouveau arrêté et dirigé de Saint-Malo sur Rennes. Le sort qui l’attendait n’était pas douteux.

Leperdit en apprenant l’arrestation de M. de la Morvonnais qu’il connaissait, envoya aussitôt un homme sûr, qui lui était dévoué, au-devant du convoi qui devait amener les prisonniers à Rennes avec ordre de les faire diriger par la Normandie sur Paris. Ils étaient seize accusés dans ce convoi, bourgeois, gentilshommes et autres qui arrivèrent dans la capitale trois jours après le 9 thermidor, c’est-à-dire après la mort de Robespierre.

Les prisonniers apprirent en sortant de Vire la chûte de Robespierre. Cette nouvelle leur fut annoncée par le célèbre jurisconsulte Toullier atteint par la loi des otages, spéciale à la Bretagne et qu’il venait de quitter.

Cette loi des otages, oubliée aujourd’hui, avait pour but de faire arrêter les citoyens soupçonnés de relations avec les ennemis de la République.

Le petit-fils de M. de la Morvonnais, qui habite Rennes, et de qui nous tenons les détails qui précèdent, nous a dit bien souvent : « Leperdit a sauvé la vie de mon grand-père. »

Le 8 septembre 1793, Carrier arrivé à Rennes depuis quelques jours, se rendit entre une double haie de citoyennes et de membres de la Société populaire, suivi de toute la force armée, et au son du tambour et de la musique, sur la place de l’Égalité (place du Palais) planter un arbre de la liberté.

On livra aux flammes le portrait de Louis XVI.

Des salves d’artillerie retentirent, et les danses, auxquelles les suspects eux-mêmes vinrent se mêler, eurent lieu autour de l’arbre symbolique et durèrent jusqu’à l’aurore.

Le 3 février 1794, Thomas Remacly, originaire de Liège, membre de la commission militaire révolutionnaire fut enterré, selon son désir, au pied de l’arbre de la liberté, sur la place de l’Égalité, en présence de la garde nationale, des autorités constituées et du représentant du peuple Esnue La Vallée. Son éloge funèbre, prononcé par l’accusateur militaire fut salué des cris de « Vive la République ! Vive la Montagne ! »

C’était dans la rue Saint-François, aujourd’hui rue Hoche, qui longe le Palais de Justice dans sa partie Est, que s’élevait la tour Le Bât. Dernier débris des murs de Rennes, elle était en forme de poivrière et se trouvait en haut de la rue à l’endroit où un menuisier a établi ses ateliers. Il n’en reste aucune trace.

Elle a servi longtemps de prison et a renfermé pendant la terreur tous les malheureux qui ont été exécutés sur nos places.

Plus tard ce fut une prison de femmes et lorsque l’église Saint-Melaine devint cathédrale (de 1803 à 1844), le jour de la Fête-Dieu, quand la procession débouchait près de la Préfecture pour entrer dans la rue des Fossés, on apercevait derrière les grilles du haut de la tour Le Bât les prisonnières qui avaient attaché un drap blanc sur lequel étaient piquées des fleurs. L’évêque, sans arrêter la procession, levait la tête et donnait sa bénédiction aux détenues.

Aux coins de la rue des Fossés et de la rue de Fougères est le vieil hôtel de Montbourcher où mourut La Chalotais. Il fut inhumé le 4 juillet 1785 dans l’enfeu de la famille de Caradeuc en la chapelle Saint-Jean.

Cette chapelle qui se trouvait située à l’entrée du Thabor fut démolie en 1820.

À cette époque on transporta les restes de l’illustre Procureur général dans le cimetière de la commune de Plouasne (Côtes-du-Nord) berceau de sa famille et où se trouve le château de Caradeuc.

À l’heure actuelle on ignore l’endroit du cimetière où furent déposés les os de La Chalotais et pas un monument, pas une croix ne rappelle au passant le souvenir de l’une de nos gloires bretonnes.

L’Hôtel de Montbourcher appartient toujours aux descendants de La Chalotais, par les femmes (Mme de Kernier). Malheureusement le beau jardin de cet hôtel va disparaître sous les constructions.

Lorsque Mme de Sévigné venait à Rennes où elle avait de nombreux parents et amis (le gouverneur, duc de Chaulnes, le lieutenant général de Lavardin, le trésorier des États d’Harrouis, le conseiller de Sévigné-Montmoron, le conseiller de Bréhand, beau-père de Charles de Sévigné le fils de la marquise ; la famille des Cartes, etc.), elle occupait chez son amie la Présidente de Marbœuf une chambre de velours rouge cramoisi, ornée comme à Paris.

L’Hôtel de Marbœuf n’était autre que l’Hôtel de Montbourcher.