Astronomie populaire (Arago)/XV/02

GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 186-187).

CHAPITRE II

découverte de la lumière zodiacale


On attribue généralement à Childrey la découverte, ou, si l’on veut, la première observation que l’on ait faite de la lumière zodiacale. Cet auteur dit, dans son Histoire naturelle d’Angleterre, publiée vers 1659, « qu’il a aperçu pendant plusieurs années consécutives, dans le mois de février, quand le crépuscule a quitté l’horizon, un chemin fort aisé à remarquer, qui se darde du crépuscule droit vers les Pléiades, et qui semble les toucher. »

D’autres auteurs, parmi lesquels je citerai Mairan, prétendent que ce genre de lumière était déjà visible dans l’antiquité. « Nicéphore, dit l’auteur du Traité de l’Aurore boréale, rapporte qu’après la prise de Rome par Alaric, il y eut une grande éclipse pendant laquelle on vit dans le ciel une lumière qui avait la forme d’un cône. L’historien grec traite d’ignorants ceux qui prétendirent que cette lumière était une queue de comète. »

Il est remarquable que pendant les éclipses totales de Soleil, observées par les modernes, on n’ait jamais vu aucune trace de lumière zodiacale, du moins avec sa forme en fer de lance. Le phénomène me semble pouvoir être expliqué très-simplement. On a remarqué que dans le printemps et l’automne, la lumière zodiacale ne devient guère perceptible qu’au moment où la nuit est assez sombre pour qu’on aperçoive à l’œil nu les étoiles de troisième et quatrième grandeur. Or, la couronne lumineuse dont la Lune est entourée pendant les éclipses totales de Soleil, jette dans l’atmosphère assez de clarté pour qu’on ne voie pas dans les environs des deux astres les étoiles de l’ordre de grandeur que je viens de citer. J’ai toute raison de penser que les rapprochements qui précèdent, empruntés à la photométrie, sont exacts. Toujours est-il que, dans mon hypothèse, l’absence de la lumière zodiacale proprement dite pendant les éclipse» totales de Soleil n’aurait rien que de très-naturel.