Astronomie populaire (Arago)/XIV/15

GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 134-135).

CHAPITRE XV

des facules


Les noyaux noirs, les pénombres, ne sont pas les seules taches que les observateurs aient remarquées. Galilée disait, dans sa troisième lettre à Velser, en date du 1er décembre 1612 : « Quelquefois on voit à la surface du Soleil diverses petites places plus lumineuses que le reste. »

La découverte de ces taches lumineuses, que nous avons appelées des facules, mit un terme aux difficultés que les plus ardents péripatéticiens avaient élevées contre la rotation du Soleil. Une tache plus lumineuse que l’ensemble de la surface de l’astre, se mouvant comme les taches sombres, invisible au delà du limbe, ne laissait aucune place à l’hypothèse longtemps soutenue pour les taches noires, que les phénomènes observés dépendaient de corps étrangers au Soleil et venant successivement en éclipser certaines parties dans leur mouvement de circulation.

Huygens ne croyait pas aux facules : « Je doute fort, disait-il (voyez son ouvrage intitulé Cosmotheoros), qu’il y ait dans le Soleil quelque chose de plus lumineux que le Soleil même. Quand je consulte les observations les plus exactes qui aient été faites à ce sujet, je trouve que si l’on remarque de temps en temps des points plus clairs, plus brillants que le reste du globe, c’est près des taches noires ; or doit-on être surpris que le voisinage de l’obscurité fasse paraître certaines parties plus éclatantes qu’elles ne le sont réellement. » Ainsi les facules n’auraient rien de réel ; elles seraient un effet de contraste. Cette opinion entraînerait la conséquence que jamais des facules ne se montreraient isolément : les observations la démentent. Cette même opinion n’exigerait pas moins impérieusement que chaque facule formât, autour de chaque tache, une sorte d’auréole lumineuse : ceci n’est pas moins contraire aux faits les plus constants, les plus avérés.

« Les facules, dit J.-D. Cassini, se montrent ordinairement à la place que les taches occupaient auparavant. On dirait que le Soleil reste plus épuré dans les endroits où des taches se sont formées. »

Cet illustre astronome ajoute : « On voit quelquefois une tache se transformer en facule et redevenir tache ensuite. »

Les grandes facules, celles qui ont été les plus apparentes près des bords du Soleil, disparaissent ordinairement quand le mouvement de rotation de l’astre les a amenées au centre du disque. Cette observation très ancienne a été confirmée par Herschel.