Astronomie populaire (Arago)/X/08

GIDE et J. BAUDRY (Tome 1p. 459-460).

CHAPITRE VIII

époque de la découverte des étoiles bleues


J’ai été curieux de rechercher quel observateur avait, le premier, reconnu qu’il existe des étoiles bleues. Les anciens n’ont parlé que d’étoiles blanches et rouges. Ils mettaient dans cette dernière classe Arcturus, Aldebaran, Pollux, Antarès et α d’Orion, qui sont rougeâtres encore. À leur liste, et cette circonstance est digne de remarque, ils ajoutaient Sirius, dont la blancheur frappe tous les yeux. Il semblerait donc qu’avec le temps certaines étoiles changent de couleur. Au surplus, voici le premier passage, à moi connu, où il soit fait mention d’étoiles bleues. Je le trouve dans le Traité des couleurs de Mariotte, publié en 1686 :

« Il y a des étoiles qui ont beaucoup de rougeur, comme l’œil du Taureau et le cœur du Scorpion ; il y en a aussi de jaunes et de bleues ; » et plus loin : « Les étoiles qui paraissent rouges ou jaunes doivent avoir une grande lumière, dont la vivacité est obscurcie par quelques exhalaisons qui s’étendent autour d’elles ; celles qui paraissent bleues ont une lumière faible, mais pure et sans mélange d’exhalaisons. »

Dans un catalogue que M. Danlop a publié en 1828, on trouve, pour le ciel austral, l’indication d’un groupe ayant 3 minutes 1/2 de diamètre, et qui est composé d’une multitude d’étoiles bleuâtres. Le même astronome parle d’une nébulosité réelle, c’est-à-dire d’un amas confus de matière rayonnante, dont la teinte serait aussi bleuâtre. Rien de semblable n’a été observé de ce côté-ci de l’équateur.