Armorial des principales maisons et familles du royaume/Préface
, (p. vii-x).
L’acquisition que j’ai faite des Planches du Dictionnaire Héraldique, après la mort du sieur Chevillard, m’ayant mis à portée de les examiner avec attention, je reconnus, à la faveur des empreintes de différents cachets qui m’étoient tombés entre les mains, que cet ouvrage étoit très-fautif. Mon premier but fut d’abord de faire corriger les fautes de gravure qui s’y trouvoient ; mais après beaucoup de recherches, j’en découvris un si grand nombre dans ces planches, que je me vis obligé d’abandonner mon premier projet.
Je reconnus des écussons dont les pieces de Blason n’étoient pas correctes ; d’autres dans lesquels les noms des familles se trouvoient si altérés, qu’ils étaient méconnoissables. Je vis avec étonnement des noms de familles éteintes depuis longtemps, & des familles étrangeres qui n’étoient plus en France, tandis qu’on en avoit omis de nouvelles qui y sont actuellement établies.
Ces raisons particulieres & plusieurs autres dont le détail devient ici superflu, m’ont déterminé à refondre entiérement cet ouvrage, ou pour mieux dire, en employant quelques-uns des matériaux du sieur Chevillard, à composer un ouvrage tout nouveau, & totalement différent du sien.
Après des recherches infinies, je suis enfin parvenu à composer un Livre dans lequel se trouvent près de quatre mille écussons, & qui renferme les Armoiries des Princes, Ducs & Pairs, & autres Seigneurs les plus qualifiés du Royaume ; celles des Officiers de la Couronne & des Cours souveraines ; & enfin les Armes de toutes les personnes nobles qui font leurs demeures à Paris, & de celles qui sont domiciliées dans toute l’étendue de l’Isle de France.
On trouve à la fin de cet Ouvrage une Table des noms des Terres qui facilitera le moyen de chercher plus aisément les Armoiries ; mais comme souvent ceux qui ont des armes, sont plus connus par leur nom de famille, j’ai eu foin de l’insérer avant celui de leurs terres par ordre alphabétique.
On n’a épargné aucun soin pour perfectionner la gravure des écussons ; non-seulement on a eu l’attention d’y marquer les griffes des lions & autres animaux, mais on a encore eu soin de distinguer leurs langues lorsqu’elles se font trouvées d’un autre émail que leur corps, ce qui n’a point été pratiqué jusqu’ici dans les gravures des Armoiries destinées à entrer dans des livres de forme in-12.
On a marqué en petit caractere au bas de chaque écusson & au-dessous des noms propres la Province dont chaque famille est originaire. Et lorsque l’on verra des Armoiries avec leur explication, les familles auxquelles elles appartiendront seront censées originaires de Paris.
Pour la facilité de ceux qui n’ont aucune connoissance dans l’Art Héraldique, j’ai mis à la tête de cet ouvrage un abrégé des principes, lesquels joints à la quantité & à la variété des Armoiries expliquées, pourront les instruire parfaitement dans cet Art, dont tous les termes se trouvent rassemblés sous le même point de vue.
Cet Ouvrage étoit fort avancé, lorsque plusieurs amateurs m’ont communiqué les noms & armes de plusieurs familles de l’Isle de France, qui m’étoient échappés ; aussi ne voulant pas priver le public de cet avantage, ni refondre un ouvrage presque fini & imprimé, j’y ai ajouté en addition ces familles, en conservant toujours l’ordre alphabétique.
Je n’ai point parlé des qualités ni des titres des Seigneurs & des autres personnes qui tiennent les premieres places dans l’Église, l’Épée, la Robe ou la Finance, à cause des variations qui arrivent dans les dignités qui ne sont pas héréditaires : mon principal objet étant de faire de cet Ouvrage un livre d’Armes vivantes, & non pas un recueil des dignités de chaque famille, qui peuvent varier, quoique la famille subsistât toujours.
On n’a mis des supports qu’aux Armes de la Famille Royale, afin d’éviter la répétition continuelle qui auroit pu se rencontrer dans les autres Écussons, quantité d’Armoiries ayant des supports semblables ; & en même temps par-là on a diminué les frais de gravure qui auroient forcé d’augmenter de beaucoup le prix du livre.
Le goût du Public décidera du mérite de cet Ouvrage, & mettra l’Auteur à portée de connoître s’il a son suffrage, par l’empressement que l’on marquera à l’acquerir.
L’Auteur auroit pu joindre encore plusleurs volumes à ceux-ci ; mais lorsqu’il aura retiré les avances qu’il vient d’être obligé de faire pour les mettre au jour, il ne manquera pas, en satisfaisant son goût particulier, de se rendre aux instances de plusieurs personnes à cet égard.