Alphonse Lemerre, éditeur (p. 97-98).

SENSATION DOUCE


Assoiffé de parfums excitants, raffinés,
Je respire un flacon d’essence orientale
Très pure. L’ara vert a des cris étonnés,
Et vous vous endormez, brune sentimentale.

Ma tête est dans vos bras lisses et safranés,
Votre sensible chair — humaine digitale —
A la tiède senteur des grands lilas fanés.
Ouvrez ce blanc péplum, ma petite vestale.


Oui, jadis, votre voix douce m’ensorcela ;
Vous souriez, si peu vous importe cela !
Mais de joie aujourd’hui ma raison s’est enfuie,

Car je n’ai jamais cru que vos baisers soyeux
Et vos doigts effilés caresseraient mes yeux,
— Chair intacte, veux-tu ma chair inassouvie ? —