Anthologie des matinées poétiques/La rose
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LA ROSE
Mignonne, allons voir si la rose
Qui, ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu, ceste vesprée,
Les plis de sa robe pourprée
Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a, dessus la place.
Las ! las ! ses beautez laissé cheoir !
O vrayment marastre Nature,
Puisqu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre âge fleuroune
En sa plus verte nouveauté.
Cueillez, cueillez vostre jeunesse :
Comme à ceste fleur, la vieillesse
Fera ternir vostre beauté.