Anthologie des matinées poétiques/La mort d’une jeune fille
LA MORT D’UNE JEUNE FILLE
Comme on voit sur la branche au mois de may la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur.
Quand l’aube de ses pleurs au point du jour l’arrose,
La grâce dans sa fueille et l’Amour se reposent,
Embasmant les jardins et les arbres d’odeur ;
Mais, battue ou de pluye ou d’excessive ardeur,
Languissante elle meurt, fueille à fueille desclose.
Ainsi, en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t’a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçoy mes larmes et mes pleurs.
Ce vase plein de lait, ce pannier plein de fleurs,
Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.