Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 15/Trigonométrie, article 1

TRIGONOMÉTRIE.

Discussion des formules qui donnent les sinus et cosinus
de la moitié d’un angle en fonction soit du cosinus
soit du sinus de cet angle ;

Par M. L. C. Bouvier, ex-officier du génie, ancien élève
de l’école polytechnique.
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On sait que, quelque soit un angle on a

d’où on tire

Il sera facile de lever l’ambiguïté qui résulte des doubles signes de ces formules au moyen des remarques suivantes :

1.o Si est compris entre et sera compris entre et et conséquemment on devra avoir

2.o Si est compris entre et sera compris entre et et conséquemment on devra avoir

3.o Si est compris entre et sera compris entre et et conséquemment on devra avoir

4.o Enfin, si est compris entre et se trouvera compris entre et et conséquemment on devra avoir

Mais, comme l’observe M. Legendre, dans sa trigonométrie, au lieu d’avoir le sinus et le cosinus de la moitié d’un angle en fonction du cosinus de cet angle, on peut désirer de les obtenir immédiatement en fonction de son sinus. On y parviendrait d’abord facilement en substituant dans les formules ci-dessus la valeur

et discutant ensuite, comme ci-dessus, les signes du second radical qui doivent répondre à chaque cas ; mais on doit éviter autant qu’on le peut dans les formules les radicaux superposés, attendu l’obligation qu’ils imposent d’extraire les premières racines avec beaucoup plus de chiffres décimaux qu’on n’en a besoin dans le résultat final ; et ces radicaux superposés peuvent, dans la question qui nous occupe, être facilement évités.

On a en effet, quel que soit

Prenant tour à tour la somme et la différence de ces deux équations, on aura

d’où on conclura

équations qui donneront immédiatement, par addition et soustraction, les valeurs de et dès qu’on aura levé l’ambiguïté qui résulte des doubles signes de leurs seconds membres.

Et remarquons bien que, dans le cas actuel, la discussion de ces signes est d’une toute autre importance qu’elle ne l’était dans le cas précédent. Alors, en effet, en la négligeant, nous aurions du moins obtenu les valeurs absolues de et de et nous n’aurions été exposés au plus qu’à une erreur de signe qui quelquefois n’est d’aucune importance, tandis qu’ici, où les valeurs de et doivent se composer de deux termes radicaux, une méprise sur les signes de ces radicaux pourrait entraîner une erreur tant sur la valeur absolue que sur le signe de la quantité cherchée. Examinons donc quels doivent être les signes de ces radicaux dans les différens cas.

1.o Si est compris entre et sera compris entre et et seront donc tous deux positifs ; mais on aura d’où il suit qu’il faudra prendre

2.o Si est compris entre et sera compris entre et et seront donc encore positifs ; mais, comme on aura alors il faudra prendre

3.o Si est compris entre et sera compris entre et demeurera toujours positif ; mais sera négatif et moindre que lui, abstraction faite de son signe ; on aura donc

4.o Si, se trouve compris entre et sera compris entre et sera encore positif et négatif ; mais, comme ce dernier sera plus grand, abstraction faite de son signe, que le premier, il faudra prendre

5.o Si est compris entre et sera compris entre et et seront alors tous deux négatifs ; mais, abstraction faite des signes, sera le plus petit des deux, de sorte qu’on aura

6.o Si est compris entre et se trouvera compris entre et et demeureront encore tous deux négatifs ; mais, abstraction faite des signes, ce sera alors qui sera le plus grand ; on devra donc écrire

7.o Si est compris entre et se trouvera compris entre et demeurera donc toujours négatif ; mais redeviendra positif, et sera le plus petit des deux, abstraction faite de son signe ; il faudra donc écrire

8.o Si enfin est compris entre et se trouvera compris entre et sera encore négatif et positif ; mais, abstraction faite des signes, ce dernier deviendra le plus grand ; de sorte qu’on devra avoir

De toute cette discussion résultent, en résumé, les conséquences suivantes :

1.o Si est compris entre et on aura

et par suite

2.o Si est compris entre et on aura

et par suite

3.o Si est compris entre et on aura

et par suite

4.o Si est compris entre et on aura

et par suite

M. Legendre donne uniquement ces dernières formules, et les donne comme générales ; mais il suffit, pour s’assurer qu’elles ne le sont pas, d’y faire Sa méprise paraît venir en partie de ce qu’au lieu de chercher directement ces formules, ainsi que nous venons de le faire, il s’est contenté de les vérifier par l’élévation au quarré, ce qui conduit à un résultat pareil à celui que donnerait le deuxième cas.

Nous ne disons rien du cas où l’angle serait négatif, attendu, que les relations entre les sinus et cosinus de deux angles qui ne différent que par le signe sont assez connues.