Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 15/Analise transcendante, article 5

ANALISE TRANSCENDANTE.

Nouvelle méthode pour l’intégration de l’équation linéaire
du premier ordre à deux variables ;

M. L. C. Bouvier, ex-officier du génie, ancien élève
de l’école polytechnique.
≈≈≈≈≈≈≈≈≈

On se tromperait étrangement si l’on croyait avoir tout fait dans l’analise, lorsqu’on a trouvé une méthode propre à résoudre chacune des questions qui dépendent de ses procédés. Outre qu’en effet les divers chemins qui conduisent au même but peuvent fort bien n’être pas tous également aisés à parcourir ; il arrive souvent que, tandis que certaines méthodes sont exclusivement propres à l’objet particulier pour lequel elles ont été imaginées, d’autre, au contraire, semblent ouvrir devant elles une voie nouvelle, et être de nature à s’étendre à un grand nombre de recherches analogues.

Ces réflexions nous serviront d’excuse, si nous revenons ici un moment sur un sujet qui semble épuisé depuis long-temps, en indiquant, pour parvenir à l’intégration de l’équation linéaire du premier ordre entre deux variables ; un procédé tout-à-fait nouveau, et qui nous paraît susceptible d’être étendu au-delà de cette application particulière.

Soit l’équation

(1)

dans laquelle et sont supposés des fonctions quelconques de sans En la différentiant, on trouve

ou, en mettant pour sa valeur donnée par la proposée,

de sorte qu’en posant

on aura

et seront encore, comme dans (1), des fonctions de sans

Il est clair, d’après cela, que, si l’on pose

on aura

et seront toujours des fonctions de sans de manière qu’en continuant ainsi, on aura, en général,

(2)

et seront encore des fonctions de sans et un nombre entier positif quelconque.

Si, dans cette dernière équation, on suppose elle deviendra

ou

d’où

(3)

d’où l’on voit que l’intégration de la proposée se réduit finalement à déterminer les deux fonctions et Or, c’est là une chose très-facile, ainsi qu’on va le voir.

En différentiant l’équation (2), on a

ou, en mettant dans le second membre pour sa valeur donnée par l’équation (1),

Faisant, dan, cette dernière, elle deviendra

Celle-ci devant être identique avec l’équation (1), on aura

(4)(5)

La première de ces équations donne

d’où en intégrant

étant la constante ; c’est-à-dire,

(6)

On tire ensuite de l’autre

d’où, en intégrant,

substituant enfin les valeurs de et de dans la formule (3), on aura

c’est la formule connue dans laquelle, comme l’on voit, il ne faut point ajouter de constante à l’intégrale mais seulement à l’intégrale