Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 02/Géométrie, article 23

GÉOMÉTRIE ÉLÉMENTAIRE.

Relation entre le dodécaèdre et l’icosaèdre réguliers
inscrits à une même sphère ;
Par M. Flaugergues, astronome, correspondant de la
première classe de l’institut.
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Théorème. Soit (fig. 1) une ligne coupée en moyenne et extrême raison au point ( étant la médiane). Je dis que l’angle solide du dodécaèdre est à l’angle solide de l’icosaèdre[1] comme est à  ; ces deux corps étant supposés inscriptibles à la même sphère[2].

Démonstration I. Imaginons (fig. 2) trois pyramides dont le sommet commun soit au centre de la sphère, qui aient pour bases trois faces contiguës à un angle solide du dodécaèdre inscrit, et qui soient par conséquent égales au quart de ce solide. Ayant tiré les lignes imaginons des plans qui passent par ces lignes et par le centre  ; on aura trois pyramides triangulaires, et chacune de ces pyramides étant à la pyramide pentagonale comme le triangle est au pentagone le solide formé par ces trois pyramides réunies, et qui est composé de deux pyramides opposées qui ont pour base commune le triangle et dont les axes sont sur le rayon perpendiculaire à cette base, est au quart du dodécaèdre dans la même raison.

Cela posé, nommons, la surface du pentagone  ; nommons la solidité de la pyramide ou de l’angle solide  ; nommons, la solidité de la pyramide  ; nommons enfin la solidité du dodécaèdre et le diamètre de la sphère circonscrite. Du centre du pentagone ayant tiré les rayons le dernier coupant en on aura

donc, componendo

mais, par la propriété du cercle,

donc

puis donc que

 :

on aura

Soit présentement abaissée du point dans le plan la perpendiculaire sur  ; puisque la ligne est inscrite à la sphère, on aura

de plus

donc componendo

II. Imaginons (fig. 3) cinq pyramides qui aient leur sommet commun au centre de la sphère, pour bases les faces contiguës de l’icosaèdre inscrit, et qui soient par conséquent égales au quart de ce solide. Ces pyramides formeront, par leur réunion un solide composé de deux pyramides opposées qui ont pour base commune le pentagone et dont les axes sont sur le rayon perpendiculaire à cette base.

Cela posé, nommons la solidité de l’icosaèdre, celle de la pyramide ou de l’angle solide et celle de la pyramide  ; ayant tiré, dans le plan la perpendiculaire sur et désignant toujours par le diamètre de la sphère ; la corde inscrite donnera

mais on a

d’où, componendo

III. On a donc

c’est-à-dire,

mais 1.o (Euclide XIV. 7 et XIII. 18)

2.o (Euclide XIII, 12)

3.o (Euclide XIII. 9. 10 et XIV. 11)

multipliant toutes ces proportions par ordre, et simplifiant, il viendra

[3]

  1. L’auteur entend ici par angle solide d’un polyèdre régulier, la portion de ce polyèdre détachée par un plan passant par les extrémités de celles de ses arêtes qui concourent à un même sommet ; portion qui est conséquemment une pyramide régulière.
  2. Si l’on prend pour unité on aura et la proposition de M. Flaugergues revendra à dire que l’angle solide du dodécaèdre est à l’angle solide de l’icosaèdre comme est à
    (Note des éditeurs.)
  3. En suivant la marche tracée par M. Flaugergues, on démontrera que l’angle solide du cube est à l’angle solide de l’octaèdre comme le côté d’un triangle équilatéral est au triple de sa hauteur, c’est-à-dire, comme est à