Annales de mathématiques pures et appliquées/Tome 02/Astronomie, article 4

Élémens elliptiques de la comète de 1811 ; par M. Flaugergues.

Annales de mathématiques pures et appliquées, 2, 1812 (p. 170-172).

ASTRONOMIE.

Élémens elliptiques de la Comète de 1811 ;

Par M. Flaugergues, astronome correspondant
de l’Institut.

≈≈≈≈≈≈≈≈≈

La comète que je découvris, le 25 mars dernier, et qui, dans ce moment occupe l’attention des astronomes et du public, me semble être la même que celle qui parut au mois de septembre 1301, et qui fut remarquée par toute l’Europe et observée en Chine, En effet, les élémens de la comète actuelle représentent très-bien les observations des astronomes chinois sur la comète de 1301, pourvu qu’on suppose seulement que, lorsqu’ils disent que la comète passa de la constellation Tsing à Nan-ho (Procion), ils entendent qu’elle fut en conjonction avec cette étoile, et qu’on admette, en outre, que les trois Koung qu’ils remarquèrent qu’elle traversa, ne sont pas trois étoiles de la constellation des Chiens-de-Chasse, au sud de la queue de la Grande Ourse, comme le prétend M. Pingré, d’après le père Gaubil, (puisqu’il ne se trouve à la tête d’Astérion, que deux étoiles de cinquième grandeur qui n’ont rien de singulier) mais plutôt trois étoiles voisines $\theta ,\iota ,\varkappa ,$ à la main du Bouvier, qui sont de quatrième grandeur, et qui forment dans le ciel un petit triangle fort remarquable. L’apparition de cette comète ne dura, suivant ces astronomes, que quarante-six jours ; mais il y a apparence qu’ils n’ont entendu parler que de la durée de son plus grand éclat ou du temps qu’elle employa à parcourir les constellations que je viens de désigner ; car les historiens d’Europe donnent à son apparition une durée bien plus longue, et Villani, en particulier, assure l’avoir encore vue au mois de janvier 1302 ; ce qui s’accorde fort bien avec l’hypothèse que cette comète est la même que celle-de cette année 1811, dont la période serait ainsi d’environ 510 années, de sorte qu’elle pourrait reparaître en l’année 2321.

Cette conjecture est encore confirmée par l’apparition d’une comète, dans le signe de la Vierge, 510 ans avant l’année 1301, c’est-à-dire en 791, suivant Eckstormius, Lubinietzki, Zahn, etc.

Dans cette supposition d’une période d’environ 510 ans, et d’après mes observations, j’ai calculé des Élémens elliptiques de là comète de cette année (1811) qui représentent les observations avec une précision singulière ; ce qui fournit une nouvelle preuve de l’identité de cette comète avec celle de 1301. Voici ces élémens.

années

Révolution périodique$\ldots \ldots \ldots$509,8846

$\left.{\begin{array}{lr}{\text{Grand axe}}\ldots \ldots \ldots &127,6442,\\{\text{Petit axe}}\ldots \ldots \ldots \ldots &22,8084,\\{\text{Distance aphélie}}\ldots &126,61705,\\{\text{Distance périhélie}}\ldots &\;1,0272.\\\end{array}}\right\}{\begin{aligned}&{\text{La moyenne distance}}\\&{\text{du soleil à la terre}}\\&{\text{étant prise pour unité.}}\\\end{aligned}}$

Rapport de l’excentricité au demi-grand axe 0,9839

${\begin{array}{lr}{\text{Nœud ascendant}}\ldots \ldots \ldots \ldots \ldots \ldots &140^{\circ }16'56''\\{\text{Inclinaison}}\ldots \ldots \ldots \ldots \ldots \ldots \ldots \ldots &72^{\circ }59'10''\\{\text{Longitude du périhélie sur l’orbite}}\ldots &74^{\circ }29'40''\\{\text{Passage au périhélie}}\ldots \ldots \ldots \ldots \ldots &12\,{\text{septembre}}\,1811,\\\end{array}}$

à $6\mathrm {h} .57'30''$ du soir, temps moyen à Paris.

Sens du mouvement $\ldots \ldots \ldots \ldots \ldots \ldots \ldots$rétrograde^[1]

La queue de la comète de 1301, avait de dix à douze degrés de longueur, comme la queue de la comète actuelle.

À l’observatoire de Viviers, le 10 d’octobre 1811.

1. En prenant pour unité la lieue métrique de 5 kilomètres, on parviendra aux résultats que voici :
   ${\begin{array}{lr}{\text{Grand axe}}\ldots \ldots \ldots &3\,916\,136\,438{\text{ lieues.}}\\{\text{Petit axe}}\ldots \ldots \ldots \ldots &699\,763\,924{\text{ lieues.}}\\{\text{Distance aphélie}}\ldots &3\,884\,621\,842{\text{ lieues.}}\\{\text{Distance périhélie}}\ldots &31\,514\,596{\text{ lieues.}}\\\end{array}}$

   On trouvera aussi, d’après les lois de la gravitation, que les vitesse aphélie et périhélie sont telles qu’il suit :

   $\left.{\begin{array}{lr}{\text{Vitesse aphélie, environ }}&249{\text{ lieues}}\\{\text{Vitesse périhélie, environ }}&30684{\text{ lieues}}\\\end{array}}\right\}{\text{par heure.}}$
   (Note des éditeurs.)