Analyse du Kandjour/Phal-chen

Csoma de Körös
Traduction par Léon Feer.
Texte établi par Musée Guimet, Paris (Tome 2p. 210).
III. PHAL-CHEN


La 3e division du Kah-gyur est appelée en tibétain : Sangs-rgyas-phal-po-che སངས་རྒྱས་ཕལ་པོ་ཆེ ou par contraction : Phal-chen ཕལ་ཆེན​ (Sk. Buddhavatang sangha ou, comme il y a ici, Buddha avatang saka)[1]. « Association de Buddhas ou de ceux qui sont devenus sages ». On l’appelle « un Sûtra de grande étendue », Sk. Mahâ-vaipulya-sûtra ; tib. Çin-tu-rgyas-pa-chen-pohi-mdo. Il occupe six volumes, distingués par les six premières lettres de l’aphahet tibétain. Le nombre des feuilles de chacun d’eux est comme suit :

I 384 III. 391 V. 397.
II 385 IV. 375 VI. 340.

Ce sûtra est aussi attribué ou rapporté à Çâkya, quoique les orateurs soient généralement des Bodhisattvas ou autres saints de grande perfection.

Le sujet de ce recueil est l’enseignement de la morale et de la métaphysique. On y trouve des descriptions de plusieurs Tathâgatas ou Buddhas, de leurs provinces, de leurs grandes qualités, le récit de leurs anciens exploits pour procurer le bien de tous les êtres animés, leurs éloges et plusieurs légendes. Énumération de plusieurs Bodhisattvas ; leurs divers degrés de perfection ; leurs pratiques ou leur manière de vivre ; leurs souhaits, prières et efforts pour le bonheur de tous les êtres animés. Çâkya se montre, d’une manière miraculeuse, sur le sommet du Ri-rab (Sk. Meru), la montagne fabuleuse, et aussi, à un autre moment, dans Galdan (tib. Dgah-ldan, sk. Tuṣita), « le séjour de la joie ou le paradis des dieux ». En ce dernier lieu

se rassemblent aussi plusieurs Bodhisattvas, venus de diverses régions du monde, pour offrir leurs salutations à Bcom-ldan-hdas (Çâkya) et, en sa présence, par son influence bienfaisante ou miraculeuse, chacun d’eux prononce successivement plusieurs vers pour exprimer son opinion relativement à l’âme ou à l’être suprême. Ainsi se développe le contenu du Phalchen en général. Les titres des chapitres n’ont pas été exprimés en sanscrit : les voici en tibétain, transcrits en caractères romains et traduits :

1. Hjig-rten-gyi dvang-po-thams-cad-kyi rgyan-gyi-ts’ul, འཟིག་རྟེག་གྱི་དབང་པོ་ཐམས་ཅད་ཀྱི་རྒྱན་གྱི་ཙུལ​, manière d’agir du Bouddha, l’ornement de tous les seigneurs du monde.

2. De-bj̈in-gçegs-pa, དེ་བཞིན་གཤེགས་པ, Tathâgata ou Buddha.

3. Kun-tu-bzang-pohi-ting-ge-hdzin-dang-rnam-par-hphrul-pa, ཀུན་ཏུ་བཟང་པོའི་ཏིང་ངེ་འཟིན་དང་རྣམ་པར་འཕྲུལ་པ, la méditation profonde (ou extase) de Kun-tu-bzang-po (un Bodhisattva ou Buddha) et ses changements miraculeux ou transformations.

4. Hjig-rten-gyi-khams rgya mts’o, འཇིག་རྟེན་གྱི་ཁམས་རྒྱ་མཅོ་, la région du monde appelée Océan. »

5. Gj̈i-dang sñing-po-me-tog-gi-rgyan-gyis-brgyan-pahi yon-tan, གཞི་དང་སྙིང་པོ་མེ་ཏོག་གི་རྒྱན་གྱིས་བརྒྱན་པའི་ཡོན་ཏན​, « les qualités du sol et l’essence de cette région (sus-mentionnée) ».

6. Hjig-rten-gyi-khams-rgya-mts’ohi khor yug-gi rgyan rgya-mts’o bstan-pa, འཞིག་རྟེན་གྱི་ཁམས་རྒྱ་མཙོའི་ཁོར་ཡུག་གི་རྒྱན་རྒྱ་མཙོ་བསྟན་པ, « description de la mer, l’ornement du mur de la région du monde appelée rgya mts’o, « l’Océan. »

7. Sa-gj̈ihi-rgyan-bstan-pa (de dito), ས་གཞིའི་རྒྱན་བསྟན་པ, « description des ornements de la terre (de dito). »

8. Jing-gi-rgyud-bstan-pa, ཞིང་གི་རྒྱུད་བསྟན་པ, « description de l’origine ou de la nature de cette province. »

9. Hjig-rten-gyi-rgyud-dgod-pa, འཇིག་རྟེན་གྱི་རྒྱུད་དགོད་པ, « description des séries de diverses régions du monde (comme provinces de plusieurs Buddhas) ».

10. Rnam par-snang-mdzad, རྣམ་པར་སྣང་མཛད​, le Buddha vairocana.

11. De-bjin gçegs-pa-phal-po-che, དེ་བཞིན་གཤེགས་པ་ཕལ་པོ་ཆེ, « le Tathâgata Phal-po-che, Buddha. »

12. Sang rgyas-kyi-mts’an-çin-tu-bstan-pa, སངས་རྒྱས་ཀྱི་མཙན་ཤེན་ཏུ་བསྟན་པ. Énumération de plusieurs attributs (ou noms) de Buddha.

13. Hphags-pahi-hden-pa, འཕགས་པའི་བདེན་པ, « la vérité sublime. »

14. De-bjin-gçegs-pahi-hod-zer-las-rnam-par-sangs-rgyas-pa. དེ་བཞིན་གཆེགས་པའི་འོད་ཟེར་ལསརྣམ་པར་ས་ངས་རྒྱས་པ « l’action de devenir pur ou saint par les rayons de lumière d’un Tathâgata. »

15. Byang-chub-sems-dpa-dris-pa-snangi-va, བྱང་ཆུབ་སེམས་དཔས་དྲིས་པ་སྣང་བ་, « explication donnée à la requête d’un Bodhisatlvas. »

16. Spyod-yul-yongs-su-dag-pa, སྤྱོད་ཡུལ་ཡོངས་སུ་དག་པ, « la conduite ou la manière de vivre très pure. »

17. Bzang-pohi-dpal, བཟང་པོའི་དཔལ་, « la prospérité (ou gloire) du bien. »

18. De-bjin-gçegs-pa-ri-rab-kyi-rtse-mor-gçegs-pa, དེ་བཞིན་གཤེགས་པ་རིརབ་ཀྱི་རྕེ་མོར་གཤེགས་པ, « l’arrivée du Tathâgata (Çâkya) au sommet du Ri-rab (Sk. Meru). »

19. Ri-rab-kyi-rtse-mor-de-bjin-gçegs-pahi-rnam-par-hphrul-pa-dang-byang-chub-sems-dpahi-ts’ogs-kyi-ts’igs-bcad, རི་རབ་ཀྱི་རྕེ་མོར་དེ་བཞིན་གཤེགས་པའི་རྣམ་པར་འཕྲུལ་པ་དང་བྱང་ཆུབ་སེམས་དཔའི་ཚོགས་ཀྱི་ཚིགས་བཅད་ « Vers prononcés par les Boddhisattvas assemblés et par la personne magique du Tathâgata (Çâkya) sur le sommet du Ri-rab.

20. Byang-chuh-sems-dpahi-rnam-par-dgod-pa hcu-hstan-pa, བྱང་ཆུབ་སེམས་དཔའི་རྣམ་པར་དགོད་པ་བཅུ་བསྟན་པ, « la manifestation des dix artifices d’un Bodhisattva. »

21. Ts’angs-par-spyod-pa, ཙངས་པར་སྤྱོད་པ, « pureté de vie, ou bonne conduite morale. »

22. Sems dang-po bskyed-pahi-hsod-nams-ston-pa, སེམས་དང་པོ་བསྐྱེད་པའི་བསོད་ནམས་སྟོན་པ, « explication du bonheur de celui qui a assujetti son esprit aux exigences d’une vie parfaite. »

23. Chos-snang-va, ཆོས་སྣང་བ, « lumière de la région (ou de la vertu.) 24. Mts’e-mahi-gnas, མཙེ་མའི་གནས་. — Ts’e-ma, (nom d’une région ou ciel des dieux).

25. Der-byang-chub-sems-dpas-ts’igs-bcad-bstan-pa, དེར་བྱང་ཅུབ་སེམས་དཔས་ཚིགས་བཅད་བསྟན་པ, « vers qui y sont prononcés par un Bodhisattva. »

26. Byang-chub-sems-dpahi-spyod-pa-bstan-pa, བྱང་ཆུབ་སེམས་དཔའི་སྤྱོད་པ་བསྟན་པ, « description de la conduite d’un saint ou Bodhisattva. »

27. Gter mi-zad-pa bcu-bstan-pa, གཏེར་མི་ཟད་པ་བཅུ་བསྟན་པ, « instruction sur les dix trésors (ou vertus) qui ne manquent jamais (ou inépuisables). »

28. De-bjin-gçegs-pahi-gçegs-bjugs-bjud-gsum-stan-pa དེ་བཤིན་གཤེགས་བཤུད་གསུམ་བསྟན་པ, « la démonstration de trois choses : la venue, le séjour, et le départ d’un Tathâgata. »

29. Dgah-ldan-du-byang sems-hdus-pa, དགའ་ལྡན་དུ་བྱང་སེམས་འྡུས་པ, « Bodhisattvas assemblés dans Galdan (Sk. Tuṣita). « 

30. Rdo-rje-rgyal-mts’an-gyi bsngo-va, རྡོ་རྗེ་རྒྱལ་མཙན་གྱི་བསྔོ་བ, « la bénédiction de Dorje-gyal-tsan {Bodhisattva). »

31. Sa-bcu-pa, ས་བཅུ་པ, « les dix Bhumis » (provinces ou degrés de perfection des Bodhisattvas).

32. Kun-tu-bzang-pohi-spyod-pa-bstan-pa, ཀུན་ཏུ་བཟང་པོའི་སྤྱོད་པ་བསྟན་པ. « Où l’on montre la conduite de Samanta-bhadra (un Bodhisattva du premier rang) ou, la meilleure conduite. »

33. Ting-ge-hdzin-bcu, ཏིང་གེ་འཛིན་བཅུ, « les dix méditations profondes (ou extases). »

34. Mngon-çes, མངོན་ཤེས​, « connaissance spéciale. »

35. Bzod-pa, བཟོད་པ, « patience. »

36. Grangs-la-hjug-pa, གྲངས་ལ་འཇུག་པ, « manière d’exprimer de grands nombres. »

37. Ts’e ts’ad, ཙེ་ཙད་ « mesure de la vie. »

38. Bgang-sems kyi-gnas, བྱང་སེམས་ཀྱི་གནས, « demeure d’un Bodhisattva. »

39. Sangs-rgyas-kyi chos-bsam mi-khyab-pa bstan pa, སངས་རྒྱས་ཀྱི་ ཆོས་བསམ་མི་ཁྱབ་པ་བསྟན་པ. « Où l’on montre que l’esprit ne peut concevoir les vertus d’un Buddha. »

40. Sangs-rgyas kyi-mts’an-rgya mts’o-bstan-pa, སངས་རྒྱས་ཀྱི་མཚན་རྒྱ་མཙོ་བསྟན་པ, « explication du terme Océan, une des épithètes ou un des noms du Buddha. »

41. Dpe-byad-kyi-hod-zer. དཔེ་བྱད་ཀྱི་འོད་ཟེར​, « rayons brillants de tous les signes de beauté (sur le corps d’un Buddha) ».

42. De bjin-gçegs-pa-skye-va-dang-hbyung-va, དེ་བཤིན་གཤེགས་པ་སྐྱེ་བ་དང་འབྱུང་བ, « la naissance et l’apparition d’un Tathâgata ou Buddha. »

43. Hjig-rten-las-hdas-pa, འཇིག་རྟེན་ལས་འདས་པ, « son départ du monde (ou sa délivrance de la peine, sa mort). »

44. Sdong-pos-brgyan-pa, སྡོང་པོས་བརྒྱན་པ​ (l’endroit), « orné d’arbres plantés » (nom d’un traité sur des sujets de morale).

45. Bzang-pos-spyod-pahi-smon-lam, བཟང་པོ་པྶྱོད་པའི་སྨོན་ལམ​ « la prière de celui qui fait le bien », ou « une prière pour faire le bien. » Telles sont les matières contenues dans les six volumes, comme elles sont indiquées d’après la division en quarante-cinq chapitres. Il y a une autre division artificielle des six volumes en cent quinze sections (tib. Bam-po), mais on n’en indique pas le contenu.

Ces six volumes ont été traduits au ixe siècle par le Pandit indien Surendra Bodhi et le Lotsava tibétain Bairotsana Raxita.

  1. La vraie leçon serait Buddha avataṁçaka. (L. F.)