Analyse du Kandjour/Mdo/30

Csoma de Körös
Traduction par Léon Feer.
Texte établi par Musée Guimet, Paris (Tome 2p. 287-290).
VOLUME XXX. — (A)

Vingt-cinq ouvrages distincts :

1. Punya-bala avadâna, tib. Bsod-nams-stobs-kyi-rtogs pa vrjod-pa, བསོད་ནམས་སྟོབས་ཀྱི་རྟོགས་པ་བརྗོད་པ (folios 1-33). Histoire du prince Punya-bala. Discussion sur le point de savoir quelle est la meilleure de ces cinq choses : un beau corps, l’activité, l’habileté dans les arts, la finesse ou l’esprit, la fortune ou le mérite moral. On montre que la fortune ou le mérite moral est la meilleure de ces cinq choses, puisque la possession de celle-ci entraîne celle des autres.

2. Candra-prabha avadâna. tib. Zla-hod kyi-rtogs-pahrjnd-pa, ཟླ་འོད་ཀྱི་རྟོགས་པ་བརྗོད་པ (folios 33-48). Histoire de Candra-prabha (Çakravartin ou monarque universel imaginaire). Prospérité de son règne. Ses grandes vertus et en particulier sa grande charité. Caractère de ses deux principaux officiers. C’est Çâkya qui raconte cette histoire ; il en fait l’application à lui-même et à ses deux principaux disciples, Çarihi-bu et Mongalyana, décédés depuis peu, pour montrer leurs mérites moraux antérieurs[1].

3. Çrî-sena-avadâna, tib. Tpal-gyi sdehi-rtogs-vrjod-pa, དཔལ་གྱི་སྡེའི་རྟོགས་པ་བརྗོད་པ (folios 48-76). Sur les fruits de la charité. Histoire de Çri-sena (roi fictif), célèbre par sa libéralité et sa charité, et qui finit par donner même sa propre vie. Çâkya, qui raconte l’histoire, en fait l’application à lui-même et à quelques-uns de ses sectateurs pour montrer leurs mérites moraux antérieurs, attendu qu’ils étaient eux-mêmes les héros de ces événements d’autrefois.

4. Kanaka-varna pûrva-yoga ; tib. Gser-mdog-gi sngon-gyi-sbyor-va, གསེར་མདོག་གི་སྔོན་གྱི་སྦྱོར་བ. Histoire du roi Kanakavarna sur les fruits de la charité ou du don des aumônes[2].

5. Pas de titre sanskrit, tib. Rgyal-bu don-grub-kyi-mdo, རྒྱལ་བུ་དོན་གྲུབ་ཀྱི་མདོ (folios 85-108). Sûtra sur l’histoire du jeune prince Don-grub. Sujet : Les fruits ou les heureuses conséquences de la charité. Prononcé par Çâkya à Mñan-yod, à la demande de Kun-dgah-vo ; mêmes applications que ci-dessus[3].

Nota. — Ce Sûtra fait partie des anciennes traductions.

6. Brahmâjâla-Sûtra, tib. Ts’angs pahi-dra-vahi mdo, ཚངས་པའི་དྲ་བའི་མདོ (folios 108-132) : « Le réseau de Brahma », sur la diversité des opinions relativement à l’origine et à la durée du monde ; s’il a une cause première de son existence, s’il est infini, perpétuel ou éternel etc., etc. Prononcé par Çâkya dans une localité située entre Râjagṛha et Pâtaliputra[4].

7. (Chinois) Dehi-phad-bya-na, phur-pohu in-kyeng-su-phim-dehi-ayir, tib. Thabs-mkhas-pa-chen-po-sangs-rgyas drin-lan-bsab-pahi-mdo, དེའི་པྷད་བྱ་ན། པྷུར་པོའི་ཨིན་ཀྱེང་སུ་ཕིམ་དེའི་ཨྱིར​།། ཐབས་མཁས་པ་ཆེན་པོ་སངས་རྒྱས་དྲིན་ལན་བསབ་པའི་མདོ (folios 132-303), sur la manière appropriée de reconnaître un bienfait ; ou sur la gratitude spécialement envers ses parents. Traduit du chinois.

8. Pas de titre sanskrit. tib. Legs-nes-kyi rgyu dung hbras-bu vstan-pa, ལེགས་ཉེས་ཀྱི་རྒྱུ་དང་འབྲས​་བུ་བསྟན་པ (folios 303-320). Instruction sur les causes et les effets du bien et du mal (dans le monde). Prononcé par Çâkya, à la demande de Kun-dgah-vo, dans le jardin du prince, près de Çrâvasti en Koçala, tib. Mñan-yod). Énumération de plusieurs états heureux et misérables des hommes, — de bonnes qualités et d’imperfections, — et de plusieurs autres oppositions. Toutes sont autant de conséquences de mérites et de démérites moraux dans des vies ou transmigrations antérieures.

9. Point de titre sanskrit, tib. Dje-va-dang-mi-dge-vahi las-kyi rnam-par smin-pa-vstan-pa, དགེ་བ་དང་མི་དགེ་བའི་ལས་ཀྱི་རྣམ་པར་སྨིན་པ་[བསྟན་པ] (folios 320-336). Instructions sur les conséquences des bonnes et des mauvaises actions[5].

10. Goçṛnga-vyâkarana, tib. Ri-glang-ru-lung-bstan-pa, རི་གླང་རུ་ལུང་བསྟན་པ (folios 336-354). Quelques prédictions par Çâkya relativement à Goçṛnga (montagne) et au Li-yul (portion du Tibet ou de la Tartarie). Il donne sa bénédiction à certaines localités[6].

11. Çârdûlarna (pour Çârdûla nâsaka) avadâna, tib. Stag-snahi-rtogs-pa brjod-pa, སྟག་སྣའི་རྟོགས་པ་བརྗོད་པ (354-420). Histoire de Çârdularna fils de Triçânku. Çâkya à Mñan-yod. Circonstances du mariage de Kund-gah-vo avec Gzugs-bsang ma (la femme au beau corps), fille d’un homme de la quatrième caste. Çâkya raconte comment, dans les temps anciens, Triçânku, capitaine de la caste des Çûdras, avait, par son habileté et sa science, obtenu la fille d’un célèbre brahmane (Padma-sñing-po) pour son fils plein de qualités, Çârdularna. Grands talents de Triçânku dans toutes les branches de la littérature hindoue. Sa discussion avec ce Brâhmane. Énumération des castes et de diverses parties des écritures hindoues. Traduit par Ajita-çri-bhadra et par le Gelong Çâkya-hod[7].

12. Dvâdaça locana-sûtra, tib. Mig-vcu-gñis-pahi-mdo, མིག་བཅུ་གཉིས་པའི་མདོ (folios 420-427), sur quelques prédictions astrologiques.


  1. L’original sanscrit fait partie du Divya-avadâna ; mais il en existe d’autres rédactions.
    (L. F.) 
  2. Traduit par Burnouf d’après le texte sanscrit du Divya-avadâna. (Introd. p. 79-87, réimpr.) (L. F.) 
  3. Le titre sanscrit pourrait être Kumâra-siddârtha sûtra. (L. F.) 
  4. La Brahma jâla pali dont Gogerly a donné l’analyse est le premier texte du Digha-nikâya et de tout le Sutta-pitaka pali. Le sûtra pali et le sûtra tibétain traitent du même sujet et ont de nombreuses ressemblances de détail, mais ne correspondent pas exactement l’un à l’autre. Ce sont deux rédactions distinctes. (L. F.) 
  5. Le titre sanscrit doit être Çubhâçubha (ou Kuçalâkuçala) karma-cipâka-nirdeça. (L. F.) 
  6. Ce Sûtra paraît être en relation avec le grand svamyabhu purâna sanscrit où il est question de yoçṛnga. Du reste il existe un petit Svayambhu purâṇa presque aussi long que le grand, dont il diffère notablement. Le Sûtra tibétain n’est la traduction d’aucun de ces deux textes.
  7. Le texte sanscrit de cet avadâna, ou un texte analogue, fait partie du Dîcya-avadana
    (L. F.)