Analyse du Kandjour/Mdo/03

Csoma de Körös
Traduction par Léon Feer.
Texte établi par Musée Guimet, Paris (Tome 2p. 233-236).
VOLUME III. — (Ga)

Sk. Aryâniṣthatan Bhagavan-jñâna-vipalana--sûtra ratna ananta nâma mahâyâna-sûtra, tib. Hphags-pa-bcom-ldan-hdas-kyi-ye-çes-rgyas-pahi-mdo-sde-rin-po-che-mthah-yas-pa-mthar-phyin-pa-jes-byia-va-theg-pa-chen pohi mdo འཕགས་པ་བཙོམ་ལྡན་འདས་ཀྱི་ཡེ་ཤེས་རྒྱས་པའི་མདོ་སྡེ་རིན་པོ་ཆེ་མཐའ་ཡས་པ་མཐར་ཕྱིན་པ་ཞེས་བྱ་བ་ཐེག་པ་ཆེན་དོའི་མདོ. Immense joyau », Sûtra de grand véhicule sur la connaissance ou la sagesse développée du vénérable et excellent Buddha. » La salutation est : Adoration au Buddha et à tous les Bodhisattras. Çâkya à Mñan-yod (Sk. Çrâvasti) avec mille deux cent cinquante prêtres. Sujet général : instruction sur la connaissance ou sagesse développée du Buddha.

Dans une ville (imaginaire) appelée « excellente vertu » (Dge-vahi-pha-rol-hgro), un certain maître de maison (Khyim-bdag), diseur de bonne aventure (Phya-mkhan), ayant l’intention d’acquérir des mérites religieux et moraux pour son bonheur à venir, construit, sous la surveillance de Gangpo, un des disciples de Çâkya, une belle maison (Khang-byang), avec une galerie en bois de sandal pour Bhagavat. Gang-po lui dit à cette occasion que, parmi les créatures et les dieux, il n’en est pas un seul qui puisse donner à un édifice sacré comme celui-ci une autre destination que celle de lieu de culte (tib. Mchod-rten ; Sk. Caitya), attendu que, parmi les êtres animés, nul ne possède les qualités dont Bhagavat (tib. Bcom-ldan-hdas) est pourvu. Gang-po, l’appelant plusieurs fois maître de maison (sk. Gṛhapati), lui donne un enseignement long et détaillé sur la connaissance développée ou l’omniscience de Bhagavat ou Tathâgata, et ses perfections ou attributs. Il lui dit que la science de Bhagavat est immense, infinie : il connaît chaque lieu, tous les temps, passé, présent et futur (on fait ici plusieurs distinctions de sa connaissance et de ses facultés) ; il connaît les pensées et les voies de tous les êtres, toutes les œuvres ou actions, bonnes et mauvaises, faites (ou commises) à la fois par le corps, la parole et l’esprit, avec leurs causes et leurs conséquences. Alors viennent des contes moraux — avec des détails spéciaux sur la science du Tathâgata relativement aux provinces des organes et des sons du corps, — sur des sujets psychologiques et moraux, — un exposé de quatre vérités. — Folio 128. Énumération de plusieurs endroits où l’on renaît, depuis l’enfer le plus bas jusqu’au ciel le plus élevé ; le Tathâgata les connaît tous.

Folio 170. — Le maître de maison susnommé invite Çâkya à une réception chez lui dans cette ville imaginaire ; Çâkya s’y rend avec quelques-uns de ses disciples d’une façon miraculeuse (en volant dans l’air). Folio 174. À la requête d’un ascète, Mes-byin, Çâkya laisse sur une pierre plate l’empreinte de la plante de son pied. Puis, avec Maungalyana et quelques autres disciples, il fait plusieurs visites miraculeuses, après avoir quitté le parc près de Çrdrasti. Folio 175). Miracles arrivés à Ç.Irihibi ; et Maungalvana (les mêmes dont il est question dans le Dulva,a propos de leur visite au lac Madros.)

Folio 174-197. — Mdzes-dgah (Nâgarâja de la mer) et plusieurs autres Nâgarâjas aussi adorent le Tathâgatha (Çâkya, l’un après l’autre ; ils s’adressent à lui pour chanter des vers à sa louange et le prier de leur donner l’enseignement religieux sur plusieurs sujets. Ils admirent ses perfections et les divers actes qu’il a accomplis, confessant leur état malheureux et leur ignorance, et le prient de leur enseigner les moyens d’arriver au bonheur et à la perfection. Il répond à chacun d’eux. Il y a divers passages où sont caractérisés les attributs ou perfections des Tathâgatas, les pensées, les désirs et les œuvres des hommes. Il y a plusieurs instructions et maximes morales.

Folio 200 à 416 jusqu’à la fin du Sûtra, Çâkya, s’adressant à Maungalyana (qui lui fait encore plusieurs questions), lui dit les histoires de plusieurs individus dans des âges très reculés et se les applique toutes à lui-même ; il dit que c’est lui qui agissait et raisonnait ainsi eu ce temps-là. Au milieu de ces histoires se trouvent plusieurs éloges et hymnes adressés aux Tathâgatas ; il y a des descriptions de la conduite du sage ; on y parle des misères de la vie, du désir du bonheur, des offrandes, des sacrifices, de l’adoration ; ou affirme qu’il n’y a de réalité en aucune chose. Folio 212. Sur l’état de captivité et de délivrance. Cet exposé sert à faire voir qu’un Tathâgata sait tout ; il connaît la place et l’origine de chaque chose, quelles seront les conséquences de telles et telles œuvres accomplies dans les âges et les vies antérieures. Folio 416. Il y a plusieurs termes synonymes pour exprimer l’immensité delà sagesse ou de la connaissance d’un Tathâgata. Maungalyana, ayant pris grand plaisir à cet enseignement, l’approuve et le loue.

Ce Sûtra fut traduit pour la première fois par le Pandit indien Prajnavarma et le Lotsava (interprète) tibétain Bande-ye-ces-sñing-po ; plus tard il fut corrigé et mis en ordre par les Pandits indiens Visuddha-siddha et Sarvajna-deva et le Lotsava tibétain, Dpal-brTSEGS.

Folio 416 à 466, fin du volume. — Il y a un autre Sûtra intitulé Arya-sarva-buddha-viṣaya avatâra jñâna âloka alankara-nâma mahâyâna-sûtra. Tib. Hphags-pa-sangs-rgyas-thams-cad-kyi-yul-la-hjug-pahi-ye-çes-snang-vahi-rgyan-jes-bya-va-theg-pa-chen-pohi-mdo. འཕགས་པ་སངས་རྒྱས་ཐམས་ཅད་ཀྱི་ཡུལ་ལ་འཇུག་པའི་ཡེ་ཤེས་སྣང་བའི་རྒྱན་ཆེས་བྱ་བ་ཐེག་པ་ཆེན་པོའི་མནོ. « Ornement de lumière intellectuelle pour entrer dans la province de tout Buddha ; vénérable Sûtra de Mahâyâna ». BcOM-lDAN-hoAS le prononra pendant qu’il se trouvait sur une montagne près de Ràjagrha ; vingt-cinq mille prêtres y étaient assemblés sans compter huit de ses principaux disciples, et beaucoup de Bodliisattras, l’un desquels était HjAM-dpAL-gJON-NUR-GYtJR-i’A (Sk. Mañjuçri-kumâra-bhûta), qui, conformément aux souhaits d’autres Bodhisattvas présents et désireux d’acquérir la connaissance, prient Çâkya de leur expliquer le sens de cette proposition : Skye-va- ma-mchis-pa dang hgag-pa ma-mchis-pa. སྐྱེ་བ་མ་མཆིས་པ་དང་འགག་པ་མ་མཆིས་པ : « Il n’y a pas d’apparition ni d’arrêt (ou ni naissance ni mort) pour un Tathâgata ». Tel est le sujet du traité : l’explication est donnée en forme d’entretien, la spéculation métaphysique étant mêlée à l’enseignement moral[1]. Au folio 416, il est dit que les corps des Tathâgatas sont comme l’étendue des cieux.

  1. On explique dans ce sûtra que l’expression « la non disparition et la renaissance » n’est qu’une expression complémentaire (ou réunie), et cela est expliqué à l’aide de plusieurs allégories (Wassilief, le Bouddhisme, p. 161.) Cette note de Vassilief se réfère au Sûtra intitulé Sarvabuddhaviṣaya-avatara. Un peu auparavant, il avait analysé le Jñâna-avaloka alamkâra. Ainsi ces deux portions du titre d’un même Sûtra du Kandjour désignent, d’après Vassilief, deux ouvrages distincts.(L. F.)