Analyse du Kandjour/Mdo/02

Csoma de Körös
Traduction par Léon Feer.
Texte établi par Musée Guimet, Paris (Tome 2p. 217-218).


VOLUME II. — ( ha)

Il y a dans ce volume, quatre Sûtras ou ouvrages, sous quatre titres distincts. Le premier est fort étendu (folios 1-329). Il est appelé en tibétain Rgya cher-rol-pa རྒྱ་ཆེར་རོལ་པ (Sk. Lalita-vistara). C’est un récit de la vie et un exposé de la dnctrine de Çâkya, le fondateur de la religion bouddhique dans l’Inde ancienne. L’ouvrage est divisé en vingt-sept chapitres dont voici le contenu :

Chapitre I (folios 1-8), « introduction » : ce Sûtra fut prononcé par Çâkya (qui parle de lui -même en se qualifiant de Bodhisattva), à la demande spéciale de plusieurs dieux et Bodhisattvas, et de ses principaux disciples, étant dans un parc près de Çràvasti en Koçala. On y cite les noms de trente-quatre de ses principaux disciples, de huit Bodhisattvas et aussi de plusieurs Buddhas ou Tathâgatas qui avaient apparu dans les âges antérieurs et enseigné leur doctrine, Çâkya est prié de communiquer maintenant son enseignements comme les autres l’ont fait.

Chapitre II (folios 8-14), titre du chapitre : « Grande allégresse ou réjouissance ». Importance de ce Sùtra. Enuniération de plusieurs vertus dont la pratique est recommandée. Description de la grande fête dans le superbe palais des dieux en Galdan (Tib. Dgah-ldan. Sk. Tuṣita). Vers à Çâkya pour l’exhorter à enseigner sa doctrine.

Chapitre III (folios 14-30), titre : « La race ou la tribu lu plus pure. » Insignes d’un monarque universel ; son installation au moven de cl’s insignes ; sa visite aux dilférents royaumes de son empire ; son injonction aux chefs et aux sujets d’observer la justice et d^’ pratii[uer les dix vertus canlinales. Folio 21, un Bodhisattva qui va devenir Buddha ne prend jamais naissance dans un pays barbare, mais dans un pays civilisé, ni dans une famille de basse condition, mais dans la maison soit d’un brahmane, soit d’un xatriya (tribu militaire ou race royale), pourquoi il en est ainsi. Çâkya a honoré la seconde tribu en y prenant naissance. Folio 21-24 ; délibération des dieux au sujet du lieu où le Bodhisattva (Çâkya) devra naître. On dit qu’il y avait alors seize tribus principales ou familles dominantes dans le Jambudvipa (ou dans l’Inde), dont plusieurs sont énumérées par quelques-uns des dieux qui les recommandent à cause de leurs bonnes qualités, et sont d’opinion que telle et telle famille est propre à devenir celle où le Bodhisattva s’incarnera. Mais quelques autres trouvent qu’il y a en elles tel ou tel défaut, et signalent plusieurs défectuosités dans chacune de ces tribus ou familles. Les familles dominantes énumérées sont :

1. La famille royale de Magadha (Sk. Videkula. Tib. Lus-hphags rigs) ;

2. La famille royale de Koçala ;

3. La famille royale de Vadsa ;

4. La ville de Yangs-pa-cati (Sk. Vaiçali ou Prayâga, aujourd’hui Allahabad ;

5. La famille de Rab snang en Hphags-rgyal (Sk. Ujayanî, Ujen en Malva) ;

6. La ville de Bcom-brlag (Sk. Mathura) ;

7. Le Skya-bseng-gi-rigs (Sk. La race Pandava à Hastinapura).

Aucune d’elles n’est reconnue propre à l’incarnation du Bod/nsativa, et la race Çâkya est préférée à toutes les autres. On demande à Çâkya lui-même où un Boddhisattva prend son incarnation à sa dernière naissance ; il énumère alors soixante-quatre bonnes qualités requises de la race où un Bodhisattva doit naître dans de telles circonstances. Folio 26 ; les trente-deux qualités ou caractéristiques de la femme propre à en être la mère. Folio 27 ; caractère et fortune de Zas-gtsang-ma (Sk. Çuddhodana). Bonnes qualités de sa femme. (Tib. Lha-mo-sgyu-hphrul-ma, Sk. Mayâdevi). Folios 28-29 ; éloge versifié de la race Çâkya, en général, et en particulier, des perfections de Lha-mo-sgyu hphrul-ma.

Chapitre IV (folios 30-37), titre : « Porte ou commencement de la lumière de la religion ». Dernière leçon du Bodhisatlca (Çàkya) aux di(nix et aux déesses. Décoration du grand palais de Galdan. Obligation d’enseigner aux dieux les cent huit articles du Chos-snang-vahi-sgo chaque fois qu’un Bodhisattva quitte Galdan (Sk. Tuṣita), pour changer de vie. (Ce sont des titres de traités religieux ou les noms de certains dogmes et de certaines maximes morales).

Chapitre V (folios 37-49). « Au moment de quitter Galdan », Çâkya y ins

installe comme son lieutenant Camba (écrit en tib. Byams-pa, Sk. Maitreya) et l’investit solennellement en mettant son propre diadème sur la tête de ce Bodhisattva. C’est le saint qui doit paraître et devenir Buddha après lui. Délibération sur la forme que Çâkya doit revêtir pour descendre dans le sein ou le corps de la femme qu’il choisit pour mère. Il s’arrête à celle d’un jeune éléphant qui, dans des ouvrages brahmaniques, a été jugée convenable. Citation d’un certain nombre de vers aux pensées ingénieuses pour exhorter à l’acquisition de la science et à la pratique de la vertu. Il quitte Galdan ou le paradis des dieux.

Chapitre VI (folio 49-64). « Son incarnation ». Sous la forme d’un jeune éléphant, il entre par le côté droit dans la matrice ou le sein de Mâyâ Devi. Songe de celle-ci relativement à l’éléphant qui est venu résider dans son corps. Jamais elle n’a ressenti un plaisir aussi grand qu’à ce moment. Le lendemain matin elle raconte le songe au roi qui mande les brahmanes et les interprètes de songes. Ceux-ci disent qu’elle accouchera d’un fils qui deviendra ou un monarque universel ou un Buddha. Distributions d’aumônes à Ser-skya (Sk. Kapila). Offrandes faites en faveur du Bodhisattva. Bons offices des dieux envers Lha-mo-sgyu-hprul-ma, et grand soin que le roi prend pour sa satisfaction et son bien-être. La nature entière est favorablement disposée pour l’enfant qui va naître.

Chapitre VII (folios 64-93). — « Naissance de Çâkya ». Description des grands préparatifs faits pour le transport de Mâyâ Devi au jardin de Lumbini. Détail sur la manière dont elle y accouche après dix mois de grossesse. L’enfant sort par le côté droit sans blesser aucunement sa mère. Miracles divers qui se produisirent à sa naissance (folios 70-71). Le monde entier illuminé par une grande clarté. La terre tremble ou est ébranlée à plusieurs reprises. Combien d’hommes et de bêtes naquirent ou vinrent au jour à Kapilavastu, au moment de la naissance de Çâkya. Les vœux de Zags-gtsang étant comblés de toutes les manières, il donna à son fils le nom de Don-grub ou Don Th’ams-cad-grub-pa (Sk. Siddhârtha ou Sarvârthasiddha). Il est confié à Gautami (sa tante) qui, avec trente-deux nourrices, prend soin de lui.

Nag-po (appelé ailleurs Ñon-mongs-med), ermite ou sage, avec son neveu Mis-byin (Sk. Narada, appelé depuis Katyâyana), averti par la grande clarté ou lueur, se rend à Ser-skya pour saluer l’enfant nouveau-né. Sa conversation avec Zas-gtsang. Il observe les signes caractéristiques que l’enfant porte sur son corps et prédit que cet enfant deviendra un Buddha. Il se lamente de ce que son âge avancé ne lui permette pas de vivre jusqu’au moment où l’enfant arrivera à l’état de Buddha. Folio 87, il recommande à Mis-byin de devenir son disciple quand il commencera à enseigner sa doc trine.

Chapitre VIII, folios 93-95. — « On le porte au temple ». Cérémonies et décorations pour la circonstancl^ Il est seigneur des seigneurs (tib. Lhahi lha). Il demande à Gautamî sa nourrice où on le porte ; elle lui répond que c’est au temple ; il dit en vers combien il est supérieur à tous li^s dieux. — Comment Indra, Brahma et d’autres dieux et demi-dieux lui tirent leurs adorations à sa naissance.

Chapitre IX (folios 95-97). « Les ornements » (pour Çâkya). Description de toutes sortes d’ornements que le roi ordonna de préparer et d’apporter |iour le jeune prince (Çâkya), à un certain jour heureux ou de bon augure.

Chapitre X (folios 97 loi). — « Il fait voir plusieurs sortes de lettres ou de caractères. » Quand on veut ensuite lui faire apprendre des lettres à l’école, il montre (lui Çâkya) que, sans avoir reçu aucune instruction, il les connait toutes ; il éiuuaère lui-même soixante-quatre al[ihabets (parmi lesquels on cite ceux des Yavana et des Hûna) l’t <ui ainntre les signes. Le maître est confondu de sa sagesse, et prononce plusieurs Çlokasà sa louange.

Chapitre XI (folios 101-105). Il visite un village d’agriculteurs. Sa méditation à l’ombre ou à l’abri d’un arbre (appeli » l’arbre Jambu). Miracle qui se produisit à l’occasion de l’ombre de cet arbre.

Chapitre XII (folios 105-121). Il (Çâkya) se livre à divers exercices gyni na. stiques <,’t à d’autres arts. Un jour que ciiKj (•ciits jeunes gens de la race Çàhija à Sf’/'-’s/ii/a luttaiiMit l’iisi’inbli » [lour iiiMuti-iT leur halùli’té dans les arts et les exercices gymnastiqui’s, aussi bien ([uc dans les lettres, rarithmétii [iie, la nalaliiiu, rtc, Çâkya les surpasse tous ; il obtient ainsi SA-hTs’o-&iA, la lilli’lie Lau —NÀ liKc.oN CAN, Miassicr (Slv. Dandika). Qualités que Çâkya exige de la f’mnie (pi’il veut prendre pour épouse. L( ; s diverses qualités de SA-hï’so-MÀ (Sk. Gôpa). Il se prononce en vers contre l’usage de cacher avec un voile la figure des femmes.

Chapitre XIII (folios 121-141). « Exhortations » que les dieux lui adressent. Plusieurs dieux le pressent vivement de quitter la cour et de faire ses efforts pour devenir Buddha, vu qu'il a aspiré à cette dignité pendant plusieurs longues périodes, et acquis de nombreuses qualités pour la mériter.

Chapitre XIV (folios 141-148). « Songe». ZAS-gTSANG-siA, père de Çâkya, fait un songe ; il croit voir son fils quitter la maison et adopter la vie religieuse en mettant sur lui un vêtement de couleur rouge foncé. Il prend désormais toutes sortes de précautions pour l'empêclier de quitter la cour, et donne ordre qu'on exécute toute sorte de musique pour amuser sou fils.

Çâkya ordonne à son serviteur de préparer son char pour aller au parc se récréer. Sur le chemin, il remarque un vieillard ; il demande à son serviteur de faire retourner le char, il rentre et se livre à la méditation sur la vieillesse.
Nota. — Dans tous ces discours ou conversations de Çâkya avec son valet ou Cocher, il y a plusieurs exemples de termes employés par les intérieurs parlant à leurs supérieurs, et différents de ceux du langage ordinaire. C'est là une particularité propre à la langue du Tibet.

Ensuite, de la même manière que ci-dessus, il lui arrive successivement de remarquer un malade, de voir un mort, de rencontrer un homme vêtu de l'habit reUgieux, et chaque fois il se livre à la méditation sur la maladie, sur la mort et sur l'état religieux.

Ce sont là les circonstances qui le déterminent à adopter la vie religieuse. ZAS-gTSANG, pour l'empêcher de quitter la cour, fait édifier plusieurs murs et creuser plusieurs fossés, installer des gardes et poser des sentinelles. Songe de mauvais augure fait par SA-hT"so-MÀ (folios 146 7).

Chapitre XV (folios 148-174). — « Sa sortie, ou son apiiarition dans le monde » (son entrée en religion). Eu dépit de toute la vigilance de son père et de ses parents, il trouve moyen de quitter la résidence royale. À minuit, monté sur son cheval appelé « digne d'éloge » [h^ngags-ldan), il parcourt six milles ; puis, descendant, il renvoie, par le serviteur, le cheval et tous les ornements qu'il portait, lui recommandant di' diri' à ses parents de ne point s'afdiger de son départ ; car, lorsqu'il aura trouvé la suprême sagesse, il reviendra et les consolera. Grande lamentation à la cour de ZAS-gxsAXG. — Il coupe sa chevelure avec son propre glaive, change ses habits de fin lin contre des vêtements grossiers de couleur rouge foncé, et commence ses pérégrinations. Le premier lieu où il se rend est Râjagṛha en Magadha.

Chapitre XVI (folios 174-178). — « Visite de Gzugs-gan-sñing-po » à Çâkya. Le roi Bimbasàra (tib. Gsugs-can-sùînff-po), l'ayant aperçu de son palais, fort satisfait de son maintien, foit prendre des renseignements sur lui par les gens de sa maison, lui rend visite, a une longue conversation avec lui et lui offre les moyens de vivre à sa guise. Mais il refuse. À la demande du roi, il dit qu'il est de la race Çâkya, qu'il habite Ser-ski/a-g ://. iSk. Kapilnntstit ) en Koçala, non loin du mont Kaihiça ou de l'Himalaya en général, sur le bord de la rivière BJidgirath ! : qu'il est de la famille royale, le fils du roi ZAS-gTSANG (Sk.. ÇuDDHODAN.v). foUo 178 ; i|u"il a renoncé au monde, et qu"il est à la recherche de la suprême sagesse, son but unique.

Chapitre XVII (folios 178-192) — « Les exercices difficiles » ou austérités auxquelles Çâkya se soumit pendant six ans. Folio 182-3 ; les religieux de tout genre qui pullulaient au temps de G.kya dans le Jambudvipa mortifiaient leur corps de diverses manières. Tous, dans son opinion, se faisaient une idée fausse des moyens d'arriver à la liberté ou délivrance ; ce n'est pas par de telles pratiques qu'on peut y atteindni. Folio 183. Il commence sa vie ascétique. De quelle manière il se livre à la méditation, et les divers exercices difficiles auxquels il se soumet volontairement durant six ans.

Chapitre XVIII (folios 192-200). — La « rivière Xairanjana. » C'est sur les bords de cette rivière que Çâkya accomplit ses pénitences, se soumettant de lui-même à de grandes austérités. Mais s'apercevaut plus tard que l'abstinence est dangereuse pour ses facultés mentales, il prend la nourriture qui lui est nécessaire pour se soutenir, l.cs deux filles d'mi chef lui présentent une excellente soupe au lait, et il se restaure. Les ciu(i cumpagnons le quittent aussitôt, se disant les uns aux autres : « Un gourmand, un débauché comme Gaktama l'est désormais n'arrivera jamais à la suprême sagesse » (ou ne deviendra janutis un linddha). Ils se rendent à Vàn'uias'i et continuent dans nn parc voisin de cette ville le cours de leur vie ascétique.

Chapitre XIX (folios 200-214). — Après s'être baigné dans la rivière Nairaûjana, il recouvre ses forces physiques et se propose de visiter le lieu sacré. Grande joie des dieux et demi-dieux de toutes sortes, — leurs offrandes à Çâkya.

Chapitre XX (folios 214-221). — Sa marche vers le lieu sacré appelé en sanscrit Bodhimaṇḍa (la moelle, l'énergie, l'essence sacrée où est maintenant Gayâ) ; il s'y livre à une méditation profonde, afin de pouvoir trouver la sagesse suprême.

Chapitre XXI (folios 221-248). — « Il surmonte le diable. » Description de la manière dont il fut tenté par le diable (Sk. Mâra ou Kâma Deva), sa victoire sur les armées du seigneur de la cupidité. (]hant des dieux sur son triomphe.

Chapitre XXII (folios 248-259). — Manière dont il accomplit ses méditations et trouva à la fin la suprême sagesse.

Chapitre XXIII (folios 259-267). — Quand il a trouvé la suprême sagesse, les dieux de divers cieux lui présentent successivement leurs offrandes et prononcent plusieurs vers à la louange de ses bonnes qualités et des grands exploits qu'il avait accomplis eu surmontant le démon.

Chapitre XXIV (folios 267-282). — Deux marchands, Gagon et Bzang-po, donnent à dîner à Çakya et écoutent les enseignements qu'il leur donne sur sa doctrine. Ils sont si fermes dans leur foi que Gàkya dit d'eux qu'ils deviendront des Bodhisattvas.

Chapitre XXV (folios 282-291). — Après avoir trouvé la suprême sagesse, Çâkya, pensant que les hommes ne peuvent entendre sa profonde doctrine, décide de ne point la leur enseigner à moins d'être sollicité à le faire par Brahma et d'autres dieux. Ceux-ci apparaissent ; à leur demande, il commence à enseigner sa doctrine.

Chapitre XXVI (folio 291-323). — Cours de sa carrière religieuse. Récapitulation de ses principaux actifs. Les grandes qualités qu'il a acquises. À qui devait-il enseigner premièrement sa doctrine ? Plusieurs de ceux qu'il jugeait capables de la comprendre sont morts. Il se rend à Vârânasi. Les cinq individus qui avaient jadis été ses compagnons, convaincus maintenant qu'il a bien trouvé la suprême sagesse, lui présentent leurs hommages ou leurs respects et deviennent ses disciples. Folios 295-312 ; il leur enseigne sa doctrine et leur explique les quatre vérités excellentes :

1° Le chagrin (ou la misère) existe ;

2° Il en sera ainsi à chaque naissance ;

3° Mais on peut la faire cesser ;

4° La voie ou le moyen de mettre un terme à toutes les misères.

Folio 307. — Origine de l’épithète ou nom du Buddha « Tathâgata » (tib. De-bjin-gçegs-pa) ; elle vient de ce qu’il a parcouru sa carrière religieuse de la même façon que ses prédécesseurs. Il y a une énumération de plusieurs épithètes ou noms de chaque Buddha.

Chapitre XXVII (folios 323-329). — Conclusion. Çâkya recommande ce Sûtra à ses auditeurs, les dieux, afin qu’ils le retiennent et le répètent souvent. Divers avantages et bénédictions résultant de l’audition de ce Sûtra. Cet ouvrage a été pour la première fois traduit dans le quatrième siècle, par les Pandits indiens, Jina Mitra, Dânaçila, Munevarma et le Lotsava ou interprète tibétain Bande-ye-çes-sde^^1.

Le reste de ce volume (folio 329 à 426 et dernier) est occupé par des traités du grand Véhicule (Mahâ-yâna-sûtra). Ils sont attribués également à Çâkya, qui les adressa à ses auditeurs (un nombre immense de prêtres, Bodhisattvas, dieux et démons) en trois endroits différents : le premier sur une montagne près de Râjargṛha, le second dans un parc près de Çrâvasti et le troisième sur la montagne de Gru-dzin (Sk. Potala). On y traite en général de morale, de métaphysique, de mysticisme. — Discussions sur la nature du corps et de l’âme. — Plusieurs des disciples de Çâkya figurent dans ces discussions, mais les principaux orateurs, outre Çâkya, sont Mañjuçrî Kumârabhuta et Avalokiteçvara. Voici les titres de ces traités :

1. Sk. Arya-Mañjuçri-vikridita-nâma-mahâyâna-sûtra. tib. Hphags-pa-hjam-dpal-rnam-par-rol-pa-jes-bya-va-theg-pa chen pohi mdo, འཕགས་པ་འཇམ་དཔལ་རྣམ་པར་རོལ་པ་ཞེས་བྱ་བ་ཐེག་པ་ཆེན་པོའི་མདོ. « Vénérable Sûtra de grand Véhicule sur les jeux ou amusements de Manjuçri^^2. »

1 Une note explique qu’on a cru devoir conserver ce résumé du Lalita-vistara, quoique le même travail plus développé eut été déjà imprimé dans le volume XX des Asiatic Researches. Nous aussi nous conservons le même résumé, quoique le Lalita-Vistara ait été traduit depuis en français, et que cette traduction soit réimprimée dans la collection même où figure la présente traduction de l’Analyse du Kandjour par Csoma. (L. F.)

2 Mañjuçri prit la forme d’un beau jeune homme, s’enveloppa d’étoffes brillantes et convertit une femme lascive ; — celle-ci, après avoir obtenu la patience, prit la forme d’un malade et d’un mourant et convertit un grand personnage (Vassilief, p. 162). — Le même auteur (p. 321) attribue cet ouvrage à l’école Prasanga (des Madhyâmikas). (L. K.) 2. Sk. Manjuçri Vikurvâna, tib. Hjam-dpal-rnam-par-hphrul-va, འཇམ་དམལ་རྣམ་པར་འཔྲུལ་པ. « La transformation de Mañju-çrî. »

3. Sk. Sarva thathâgatâdhisthana-sattvâvalokena Buddhaxetranirdeçana-vyuha, tib. De-vjin-gçegs-pa-thams-cad-kyi-byin-gyis brlabs-sems-can-la-gzigs-çing-sangs-rgyas-kyi jing-gi-bkod-pa-kun-tu-ston-pa, དེ་བཞིན་གཤེགས་པ་ཐམས་ཅད་ཀྱི་བྱིན་གྱིས་བརླབས་སེམས་ཅན་ལ་གཟིགས་ཞིང་སངས་རྒྱས་ཀྱི་ཤིང་གི་བཀོད་པ་ཀུན་ཏུ་སྟོན་པ. « Description de la province sur laquelle tous les Tathâgathas ont répandu leurs bénédictions pour le bien des êtres animés. » Il y a dans ce Sûtra un enseignement moral et mystique. On y trouve aussi plusieurs Dhâranis en sanscrit, auxquelles on attribue une efficacité merveilleuse.

Ces trois Sûtras ont été traduits par les Pandits indiens Surendra-Bodhi, Çilendra-Bodhi et Jina-Mitra, et par le Lotsava tibétain Bande-ye-çes-sde.