Amours et priapées/Le Tigre
Le Tigre (1869)
LE TIGRE
Un bruit sourd emplissait d’épouvante les jungles.
La tigresse, les crins hérissés, écoutait
Une lutte terrible, et son flanc haletait,
Pendant que dans le sol elle enfonçait ses ongles.
La femelle, attendant le mâle, était en rut,
Et ses rugissements courbaient le lourd feuillage,
Lorsque le tigre, au loin poussant un cri sauvage,
Comme une flèche ailée et vivante, accourut.
La tigresse vers lui bondit, pleine de joie,
Le caressa d’un œil fauve de volupté,
Et lécha du vainqueur le poil ensanglanté.
Il la mena, tranquille, à pas lents, vers sa proie,
Ouvrit le ventre chaud encor d’un éléphant,
Pour baigner dans le sang son amour triomphant !