Amours et priapées/Le Coussin

Le Coussin (1869)
Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 119-120).


LE COUSSIN


Sur vos seins blancs et ronds, fontaines du plaisir,
Ô femmes que j’aimais, regrettables maîtresses !
Vous m’avez abreuvé du lait de vos tendresses :
J’en ai tari la source, et l’âge va venir.

Ô fleurs ! où butina mon volage désir,
Courtisane aux longs crins, vierges aux longues tresses !
Pour sauver de l’oubli vos rapides caresses,
Ma main a sur vos corps cueilli le souvenir.


J’ai de vos beaux cheveux respecté la couronne ;
Mais les trésors crépus que l’amour abandonne,
Boucles d’ébène ou d’or, anneaux luisants et doux,

Odorante moisson qui fait encor ma joie,
Je les ai rassemblés dans un coussin de soie,
Où je viens tous les soirs poser mes deux genoux.