Amours et priapées/La Chapelle

Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 125-126).
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LA CHAPELLE


Par un soir froid d’hiver, se chauffait, solitaire,
Une vieille ridée, à l’œil noir et profond,
Regardant tour à tour l’alcôve et le plafond,
Qui semblait regretter et le ciel et la terre.

Elle était accroupie au coin du feu, levait
Ses jambes, où jadis fleurissaient tant de charmes,
Que de jeunes amants inondaient de leurs larmes,
De nocturnes baisers, où tout leur cœur rêvait.


La vieille alors pensive, éteignant sa chandelle,
Pour mieux voir du passé l’oublieuse hirondelle,
Sent dans son cœur trop plein l’amour se rajeunir.

Sa jupe est retroussée, et le bleu tison fume,
Et sa cuisse s’éclaire ; et dans son sein s’allume
Aux flammes du foyer le feu du souvenir.