Amours et priapées/L’Orage

L’Orage (1869)
Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 127-128).


L’ORAGE


— « Je tremble ! il tonne ! dit l’enfant pleine d’effroi.
— Qu’importe ! répondit le jeune homme ; l’orage
Au ciel gronde moins fort que mon amour pour toi.
— Laisse-moi dans tes bras retrouver le courage ! »

Quelques soupirs brisés, pareils à des sanglots,
Troublaient le marbre ardent de sa gorge oppressée,
Pendant que le tonnerre, assaillant les échos,
Roulait au firmament sa colère insensée.


La pluie à torrents lourds tombait, et, menaçant,
Le vent hurlait au loin son cantique en détresse ;
L’éclair faisait siffler ses vipères de sang.

— « Baise ! oh ! baise-moi ! dit l’amant à sa maîtresse ;
Sens-tu pas la douceur de ma dure caresse ?
L’éclair est dans mes yeux, la foudre est dans ton flanc ! »