Imprimeries Réunies. S. A. (p. 19-20).

Le chant choral.



L’Art aurait bien des adeptes parmi les gymnastes et les athlètes. Ils ne demanderaient pas mieux que d’embellir leurs réunions en servant sa cause sacrée. Mais comment s’y prendre ? Les sociétés ne sont point assez riches pour édifier des portiques et dresser des statues. Elles ne comptent pas nécessairement dans leurs rangs des poètes ou des auteurs dramatiques, voire même des acteurs de talent… Non, sans doute. Mais elles possèdent des chanteurs qui s’ignorent. Quelle est la société qui ne pourrait constituer un quatuor vocal, sinon un double quatuor ? Or le chant choral n’est autre — on nous pardonnera la trivialité de l’expression — que le concierge de l’Eurythmie. C’est lui qui détient la clef de ce parvis et en ouvrira la porte. Appelez-le. Le chant choral peut tout. Il possède des ressources proportionnées à toutes les situations et à toutes circonstances. Son répertoire est d’une richesse et d’une variété étonnantes. Il n’est point exigeant ni difficultueux. Pas d’instruments délicats ou coûteux ; des répétitions faciles à organiser n’importe où. Quant aux effets produits ils sont intenses. Toute la gamme des impressions et des sentiments trouve à s’y exprimer et la polyphonie — de la plus simple à la plus compliquée — contient en raccourcis l’humanité entière ; chants de lutte et chants de concorde, chants d’inquiétude et chants d’allégresse, chants du matin et du soir, d’amour et de prière, d’ardeur et de calme. Cela vaut-il pas mieux pour encadrer les exercices de la force et de la beauté que les sons affreux d’un Tango ou d’une « Veuve joyeuse » ? Et ne serait-il pas satisfaisant que de telles harmonies s’élevassent du sein des groupes musculaires et que la jeunesse sportive trouve en elle-même les sources d’art au lieu de demander à de mauvaises fanfares du voisinage un renfort bruyant ? Faut-il ajouter que le chant est, pour les poumons, une excellente gymnastique ?