Imprimeries Réunies. S. A. (p. 16-19).

Pour avoir chaud cet hiver.



Peut-être manquerez-vous de combustible, lecteur, pour vos appareils de chauffage. Vous ne manquez pas pour cela de calorique disponible. Avez-vous songé que votre corps est un appareil de chauffage, une sorte de petite usine que la nature a ravitaillée, mais dont vous négligez en général d’utiliser la puissance. Il pourrait vous chauffer… si vous l’allumiez. Mais vous oubliez de l’allumer ou, plutôt, vous ne savez plus vous servir pour cet office de la boîte d’allumettes placée à votre portée et qui n’est autre que l’exercice.

L’exercice quotidien vous réchauffera en mettant en branle des quantités d’énergie intérieures insoupçonnées de vous. Voici la meilleure recette pour y réussir. D’abord que ce soit un exercice matinal rapide, aussi violent que vous pourrez le supporter et pris en plein air pour autant que les circonstances vous le permettront. La course et la boxe auront vos préférences. Ne comptez pas, bien entendu, sur les simples mouvements gymniques auxquels vous avez peut-être l’habitude de vous livrer chaque jour en manière d’apéritif. Il faut ici quelque chose de bien autrement énergique. C’est pourquoi la course et la boxe s’inscrivent au premier rang. La boxe ne nécessite pas absolument que vous ayez devant vous un adversaire vivant. Un carré bien feutré sur le mur, un lourd sac de sable suspendu à une corde peuvent tenir lieu — assez imparfaitement il est vrai — du dit adversaire. Si vous devez avoir recours à l’équitation, que ce soit alors pour faire de la voltige, du trop sans étriers. Si vous ramez, que ce soit en style en demi-course et sans vous ménager. Si un gymnase est à votre disposition, prenez les agrès les plus durs. Bref en toutes choses, cherchez l’intensité ; mettez y toute votre vigueur, tout votre entrain. Si le rhumatisme n’y contredit pas, terminez par des ablutions froides ; sans cela frottez-vous successivement avec deux serviettes, l’une mouillée et l’autre sèche. À un moment de la journée (vers 4 heures peut-être) recommencez, si nécessaire, l’opération de façon plus brève et moins violente et soyez certain qu’ainsi la rigueur de la température extérieure glissera sur vous comme l’eau sur les plumes d’un canard.