(p. 48-49).

DÉCEMBRE

LES HÔTES




Ouvrez les gens, ouvrez la porte,
je frappe au seuil et à l’auvent,
ouvrez les gens, je suis le vent
qui s’habille de feuilles mortes.

— Entrez monsieur, entrez le vent,
voici pour vous loger la cheminée
et sa niche badigeonnée ;
entrez chez nous, monsieur le vent.



Ouvrez les gens, je suis la pluie,
je suis la veuve en robe grise
dont la trame s’indéfinise
dans un brouillard couleur de suie.

— Entrez la veuve, entrez chez nous,
entrez la froide et la livide,
les lézardes du mur humide
s’ouvrent pour vous loger chez nous.

— Levez les gens la barre en fer,
ouvrez les gens, je suis la neige,
mon manteau blanc se désagrège
sur les routes du vieil hiver.

— Entrez la neige, entrez la dame,
avec vos pétales de lys,
et semez-les par le taudis
jusque dans l’âtre où vit la flamme.

Car nous sommes les gens inquiétants
qui habitons le Nord des régions désertes,
qui vous aimons — depuis quels temps ? —
pour les peines que nous avons par vous souffertes.