(p. 30-32).
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JUILLET




L’âpre uniformité de l’azur nu
brûle les champs et leurs arpents d’identité
et leurs chemins d’opiniâtreté
rectiligne, vers l’inconnu.

Craie et poussière
se retroussent en tempêtes vers les lisières
et s’emportent sur les routes, là-bas ;
les villages ! leurs toits et leurs maisons sont las,
l’ombre chaude s’assied au seuil des portes ;
un vent de braise et de fournaise
pèle les murs et fendille les glaises
et les digues dont les escortes
accompagnent des eaux qui semblent mortes.



L’été, il est venu, malade et malfaisant,
avec du plomb dans son sang blanc,
avec ses durs midis de pierre ;
l’été ! et ses lumières carnassières
et ses silences fermentants.

— Vous, les jardiniers de la mort
et des tombes torrides,
voici des fleurs qui ont des rides
et qui penchent, ainsi que des remords,
leurs ors et leurs faisceaux arides.

— Vous, les charpentiers de la mort,
voici les géantes cuirasses
des grands hêtres dont l’écorce se casse
dans les forêts comme engourdies
où se couvent les maladies.

— Vous, les embaumeurs de la mort,
voici la stérile agonie
des verdures trop tôt finies ;
voici les blés fripés,

voici les orges irascibles
et les rameaux crispés des vieux vergers
sous des brûlures invisibles.

Depuis des jours, depuis des temps,
minutieux et persistant,
le soleil perce à coups d’aiguilles
la vie éparse en volontés tranquilles ;
le soleil mord, le soleil vrille
le sol brûlant et haletant
et ploie et broie en sa torture
l’espoir en or de la moisson future.

La terre entière, elle est paralysée.

— Dites à quand les émeutes, les rages
et l’entre-choquement des blocs d’orage
et les pâles éclairs dans la nue ardoisée ?

En attendant, unique au loin
un carreau luit du fond d’un coin
et sa lueur, comme un grand jet de haine,
de part en part traverse au cœur la plaine.