Almageste/Livre I/05

Almageste
Traduction par Nicolas Halma.
Librairie scientifique J. Hermann (1p. 102).

CHAPITRE  V.

LA TERRE EST COMME UN POINT À L’ÉGARD DES ESPACES CÉLESTES.

Les grandeurs et les distances des astres observées de quelque point que ce soit de la terre, paraissant toujours égales et semblables en tous les lieux d’où on les voit dans les mêmes instans, et les observations des mêmes étoiles, faites en différens climats, ne présentant aucune différence, il est clair qu’elle n’est sensiblement que comme un point relativement à l’espace qui s'étend jusqu’à la sphère des étoiles appelées fixes. Ajoutons encore que les gnomons, et les centres des sphères armillaires, placés en quel qu’endroit que ce soit de la terre, donnent les apparences et les circonvolutions des ombres avec autant de précision et de conformité aux phénomènes en question, que si ces instrumens étoient placés au centre même de la terre.

Enfin une marque évidente que cela est ainsi, c’est que tous les plans qui passent par nos yeux, et que nous appelons horizons, coupent toujours la sphère céleste en deux parties égales ; ce qui ne pourroit pas se faire, si la grandeur de la terre avoit une proportion sensible avec la distance du ciel ; car alors il n’y auroit que le plan passant par le centre de la terre, qui put partager la sphère céleste en deux moitiés. Mais par quelqu’autre point de la surface de la terre qu’on fît passer des plans horizontaux, ils feroient toujours en-dessous, des segmens plus grands qu’en dessus.