Agriculture et conservation de l’environnement/Pesticides

Direction générale des communications chez Agriculture Canada (p. 16-19).

Pesticides


Les pesticides comprenant les herbicides, les insecticides et les fongicides sont, à l’heure actuelle, largement utilisés au Canada. Tant les producteurs que les consommateurs bénéficient de rendements accrus et de produits améliorés. Néanmoins, les pesticides peuvent provoquer la pollution de l’eau lorsqu’ils sont entraînés dans les eaux superficielles. L’importance du problème présenté par un pesticide donné est déterminée par sa persistance (capacité de ne pas s’altérer) dans le milieu ; son taux d’utilisation et sa fréquence d’application ; sa mobilité (degré d’absorption par les particules du sol et solubilité dans l’eau) ; sa capacité de bio-accumulation (concentré dans les organismes vivants) ; ses propriétés toxiques, mutagènes (capables de provoquer des mutations), carcinogènes (qui causent le cancer) ou tératogènes (qui peuvent produire des anomalies) (le cas échéant).

Le fait qu’un produit chimique soit considéré comme inoffensif d’après un critère ne signifie pas nécessairement qu’il le sera en toutes circonstances. Par exemple, le DDT a acquis un immense succès parce qu’il se présentait comme un insecticide extrêmement efficace avec un faible degré de toxicité pour les mammifères. Il a fallu de nombreuses années avant que les chercheurs découvrent que ce produit s’accumulait dans les tissus des organismes aquatiques et était transmis aux oiseaux et à d’autres animaux. Cette substance, une fois qu’elle a franchi un seuil dans ces organismes supérieurs, perturbe leurs fonctions reproductrices. Le DDT a été interdit au Canada, mais il reste dans l’environnement, car il est très persistant. Des traces de ce produit qui, avec les années, s’est accumulé dans le sol et les sédiments aquatiques sont encore décelées dans les eaux de drainage, les cours d’eau et les lacs. Il semble toutefois que les concentrations décelées dans les échantillons d’eau et de poisson baissent régulièrement. Néanmoins, cette expérience fait ressortir les problèmes que posent à long terme les pesticides persistants.



Fig. 8 Des installations appropriées de stockage du fumier comme celles-ci réduisent l’addition de liquide inutile en orientant le ruissellement superficiel loin de la zone de stockage et en empêchant l’eau du toit de pénétrer. Dans les régions à fortes précipitations, il peut être nécessaire de prévoir un toit pour empêcher les surplus d’eau de pénétrer dans les installations de stockage.


Selon les conclusions de recherches récentes, les pesticides actuellement utilisés sont beaucoup moins susceptibles de causer des problèmes à long terme, grâce aux strictes dispositions qui réglementent leur formulation, leur dépôt légal et leur utilisation. Les pesticides actuellement en vente au Canada doivent être soumis à des essais rigoureux pour déterminer non seulement leurs effets sur l’organisme cible, mais aussi leur persistance et leurs effets secondaires possibles sur d’autres segments de l’environnement.

L’incurie de l’homme semble être la principale cause des problèmes de qualité de l’eau liés aux pesticides. La plupart des pesticides sont assez immobiles, une fois qu’ils ont été pulvérisés sur un champ. En ce qui concerne la majorité des pesticides commerciaux, la teneur totale des eaux de ruissellement, y compris les sédiments, dépasse rarement plus de 0,5 % des quantités employées. Les pertes de pesticides appliqués et demeurant en surface sont quelque peu plus importantes si des pluies abondantes tombent dans les 2 semaines qui suivent l’opération.

Les déversements le long des cours d’eau, l’entraînement par le vent du produit pulvérisé directement dans les cours d’eau et l’épandage à proximité de l’eau des surplus de pesticides, le lavage des réservoirs et l’abandon dans la nature des contenants vides sont à l’origine, au Canada, de la majorité des problèmes de pollution des cours d’eau causés par des activités agricoles. On a relevé un certain nombre de problèmes isolés de santé chez les animaux et l’homme qui résultent de la contamination par les pesticides des sources d’approvisionnement en eau de fermes (par exemple déversement de pesticides près des puits ou des abreuvoirs du bétail). Si des pesticides ont été répandus à proximité d’une source d’approvisionnement, il faut analyser l’eau pour s’assurer qu’elle peut être consommée sans danger. L’utilisation circonspecte des pesticides diminuera les risques de pollution des eaux superficielles et souterraines. Certaines précautions importantes doivent être prises :

  • si l’on n’est pas certain de la concentration requise, se renseigner auprès d’une personne qui connaît les pesticides et leur mode d’emploi ;
  • préparer une petite dose d’essai au moment du mélange pour s’assurer de la compatibilité des produits et éviter les complications si ces derniers se révèlent incompatibles ;
  • ne mélanger que la quantité nécessaire ;
  • ne pas trop remplir le pulvérisateur et prendre le maximum de précautions pour éviter de laisser tomber du pesticide près des eaux libres ou des puits ou sur un sol perméable ;
  • nettoyer soigneusement les pulvérisateurs après usage et répandre l’eau de rinçage des réservoirs dans les champs plutôt que de la déverser dans un fossé ou à un seul endroit ;
  • s’assurer que le calibrage des vaporisateurs est exact pour ne pas dépasser les taux d’application requis ;
  • éviter de pulvériser quand il vente (fig. 9) ou à proximité de l’eau libre ;



Fig. 9 Il convient d’effectuer les pulvérisations par temps calme pour que les gouttelettes ne soient pas transportées et pour éliminer le plus possible les ravageurs dans la zone visée.

  • éviter de pulvériser le pesticide avant une tempête ;
  • réduire le nombre d’applications et le volume de pesticides en employant judicieusement des moyens de lutte intégrée (physiques, biologiques et chimiques) ;
  • utiliser des pesticides moins persistants s’il y en a ;
  • réduire les infestations de ravageurs par la rotation des cultures ;
  • réduire les pertes par l’érosion, le ruissellement et le transport de sédiments pour retenir les pesticides dans les champs.


Tous ces moyens contribuent à augmenter l’efficacité des pesticides et à atténuer les risques de contamination de l’eau. Étant donné que la plupart des pesticides récents se dégradent rapidement en milieu naturel, les risques de pollution devraient disparaître à moins d’accidents provoquant la pollution partielle de cours d’eau et de sources d’approvisionnement. Des incidents de ce genre peuvent être considérablement limités par les précautions apportées lors de la manipulation, de l’application et du nettoyage.