Agriculture et conservation de l’environnement/Déchets animaux

Direction générale des communications chez Agriculture Canada (p. 14-16).

Déchets animaux


Quoiqu’il représente un excellent moyen d’amender le sol, le fumier peut parfois gravement polluer l’eau. En général, ce problème est le résultat direct d’une mauvaise application. L’élevage du bétail en claustration, pratique qui rassemble un grand nombre de sujets dans un espace limité, a accentué ce problème dans de nombreuses régions du Canada. Tel est le cas notamment dans les secteurs où, en raison de l’accroissement de la population, un centre urbain qui nécessite d’importantes quantités d’eau potable se trouve à proximité d’une zone de production intensive de bétail. Néanmoins, une petite ferme d’élevage mal gérée peut causer davantage de pollution qu’une grande exploitation bien gérée.

Le fumier est une bonne source de substances nutritives pour les récoltes, mais il requiert certaines mesures pour que son utilisation soit sans danger. Le fumier peut altérer la qualité de l’eau en augmentant les concentrations de phosphore et d’azote des eaux superficielles et souterraines ; en accroissant la demande biologique d’oxygène (DBO) des cours d’eau et en entraînant, de ce fait, la disparition des espèces dont les besoins en oxygène sont élevés ; en produisant des concentrations d’ammoniac toxique qui tuent les poissons ; en introduisant des organismes pathogènes qui restreignent son utilisation à des fins récréatives et de consommation. Le ruissellement et l’infiltration de l’eau qui provient du fumier épandu dans les champs ou stocké (fig. 7) peuvent altérer sensiblement la qualité des eaux superficielles.

Les lacs et les cours d’eau situés à proximité des parcs d’engraissement absorbent une quantité considérable de l’ammoniac atmosphérique. Les pratiques comme la réduction de l’humidité du fumier en gardant l’excès d’eau hors du parc, l’addition de paille ou d’autres matières fibreuses et l’épandage fréquent dans les champs avec l’incorporation immédiate du fumier à la terre doivent être employées pour diminuer la quantité d’ammoniac pouvant se volatiliser.

La salmonelle, une bactérie infectieuse commune, peut survivre jusqu’à un an dans le purin et se transmettre facilement à l’homme. Les autres infections bactériennes qui peuvent être communiquées à l’homme par le fumier sont l’anthrax, la tularémie, la brucellose, l’érysipèle, la tuberculose, le tétanos et la colibacillose. Le bétail devrait être tenu à l’écart des nappes d’eau, y compris les ruisseaux et les fossés, pour prévenir la contamination directe.



Fig. 7 Les aires de stockage du fumier et les parcs pour le bétail qui ne sont pas biens séparés des fossés et des cours d’eau, soit par la distance ou des constructions, entraînent la détérioration rapide de la qualité de l’eau locale.


Pour ce faire, il faut construire des clôtures, aménager d’autres sources d’approvisionnement en eau ou des rampes d’accès clôturées.

Le stockage des boues semi-liquides et du purin dans une installation appropriée (fig. 8) est indispensable pour diminuer les risques de pollution des eaux superficielles et souterraines. Une distance minimale de 122 m entre les aires de stockage et les cours d’eau est nécessaire pour que le sol retienne le phosphore et les bactéries présents dans tout écoulement superficiel causé par des fuites ou des déversements accidentels. Cette distance permet également la dénitrification partielle de l’azote à l’état de nitrate qui s’infiltre dans l’eau souterraine peu profonde.

Les tuyaux de drainage souterrains qui débouchent dans les cours d’eau ne doivent pas être situés au-dessous ou près des granges, ni des parcs d’engraissement ou des aires de stockage du fumier. Cette précaution permet de prévenir la migration rapide des polluants à partir de leurs sources vers les nappes d’eau — situation pendant laquelle le processus de purification naturelle est détourné.

Il convient de considérer d’autres moyens de réduire la pollution de l’eau et de retenir les substances nutritives du fumier. Par exemple :


  • éviter d’épandre du fumier sur des sols où le ruissellement peut facilement l’entraîner dans l’eau libre le long des berges ou sur les pentes couvertes de neige où les eaux se déversent rapidement dans les cours d’eau au printemps ;
  • incorporer le fumier à la terre le plus rapidement possible après son application ;
  • appliquer les quantités de fumier qui correspondent aux besoins en matières nutritives des cultures ;
  • stocker et étendre le fumier loin des zones inondables ;
  • réduire le volume de liquide à manipuler en le protégeant contre la pluie et le ruissellement. Note : Il n’y a pas avantage à diluer le fumier au point d’obtenir un effluent assez inoffensif pour être déversé directement dans un cours d’eau.


Non seulement ces mesures peuvent être avantageuses pour l’agriculteur parce qu’elles diminuent ses besoins en engrais, mais des épandages de fumier réguliers améliorent aussi la structure du sol. Dans les bassins versants à forte population animale, de nombreux problèmes concernant la qualité de l’eau pourraient être atténués ou prévenus grâce à une utilisation et une manutention judicieuses du fumier, et ce, à peu de frais supplémentaires pour les agriculteurs.