Œuvres complètes de Frédéric Ozanam, 3e édition/Volume 05/7/28

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XXVIII

De la merveilleuse prédication que fit saint Antoine de Padoue, frère mineur, au consistoire.

Le merveilleux vaisseau du Saint-Esprit, saint Antoine de Padoue, un des disciples et compagnons que saint François s’était choisis, et celui qu’il nommait son vicaire, prêchait une fois devant le Pape et les cardinaux au consistoire, où étaient des hommes de diverses nations, Grecs, Latins, Français, Allemands, Slaves, Anglais ; et d’autres diverses langues. Il fut enflammé de l’Esprit-Saint, et annonça la parole de Dieu d’une manière si efficace, si dévote, si pénétrante, si douce, si claire et si intelligente, que tous ceux qui étaient présents, quoiqu’ils fussent de diverses langues, entendirent toutes ses paroles clairement, distinctement, comme s’il avait parlé le langage de chacun d’eux, et tous restèrent stupéfaits. Il sembla que l’on vît se renouveler l’antique miracle des apôtres au temps de la Pentecôte, lorsque, par la’ vertu de l’Esprit-Saint, ils parlaient toutes les langues et les cardinaux se disaient l’un à l’autre : « N’est-il pas venu d’Espagne, celui qui prêche ? Et comment donc entendons-nous tous dans son langage le langage de notre pays ? ». Le Pape, réfléchissant comme les autres, et s’émerveillant de la profondeur de cette prédication, s’écria : « En vérité, celui-ci est l’arche du Testament et le trésor de l’Écriture sainte. »